Hongrie : une nouvelle loi pour évincer l'opposition ?
Dorénavant, les eurodéputés hongrois devront faire une déclaration de patrimoine en Hongrie, comme le font les membres du Parlement national. Mais tandis que ces derniers ont la possibilité de rectifier des informations fausses ou incomplètes, dans le cas des eurodéputés, la nouvelle loi prévoit la sanction d'un retrait du mandat. Le leader d'opposition Péter Magyar dénonce une disposition visant directement sa personne.
Des méthodes dignes de la Turquie ou de la Russie
Magyar pourrait risquer de perdre son immunité, écrit hvg :
«Le projet de loi se justifie en invoquant une conclusion que l'on peut tirer des 'scandales de corruption des dernières années, qui pourraient être en lien avec certains députés et fonctionnaires du Parlement européen.' ... L'allusion à Péter Magyar est grosse comme un camion, quand on sait que la propagande du gouvernement le stigmatise régulièrement comme un homme payé par Bruxelles. La sanction pouvant aller jusqu'au retrait du mandat pourrait avoir pour but de mettre Magyar sur la touche, comme cela se fait en Turquieou en Russie. C'est en effet son statut d'eurodéputé qui confère son immunité à Magyar, lequel est déjà visé par deux procédures de levée de l'immunité par le Parquet national hongrois.»
Souffler sur les braises du conflit avec l'UE
Sur atv.hu, le juriste Tamás Lattmann suppose que le parti de Viktor Orbán a pleinement conscience de s'exposer à des sanctions européennes :
«Selon le droit européen, la Commission électorale nationale n'a pas de droits sur les mandats de députés européens : ces mandats sont en effet conférés par l'Union européenne. ... L'unique raison d'être du changement de loi est d'envenimer les conflits entre les institutions européennes et la Hongrie, car l'UE est obligée de veiller à l'application du droit communautaire et d'ouvrir une autre procédure contre la Hongrie. Le Fidesz semble être déjà être préparé à tirer tout le parti politique de cette histoire.»