Votation en Suisse : le non l'emporte

En Suisse, l'initiative sur les multinationales responsables a échoué de justesse dimanche. Bien que les citoyens aient été majoritairement favorables, avec une courte avance, à ce que les entreprises suisses opérant à l'étranger soient justiciables devant la loi suisse en cas d'infractions des droits de l'homme et des normes environnementales, la majorité des cantons (dont presque tous les cantons germanophones) l'ont toutefois rejetée.

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Süddeutsche Zeitung (DE) /

Un pays dans le déni

Süddeutsche Zeitung déplore l'issue du référendum :

«Ses opposants avaient fait valoir que la loi causerait du tort aux PME et à leurs opérations à l'étranger. ... Il se trouve toutefois que la Suisse ne se résume pas à un tissu de PME, comme le WOZ, d'orientation gauche, l'a fort à propos fait remarquer. Rapporté à la population, elle compte davantage de multinationales que les Etats-Unis. Celles-ci sont nombreuses à être régulièrement mises en cause pour des irrégularités dans leur chaîne d'approvisionnement. De plus, la banque centrale suisse investit des milliards dans le monde pour maintenir le franc suisse au niveau le plus bas possible. Face à l'ampleur du phénomène, le pays devrait être plus honnête envers lui-même et assumer ses responsabilités. Malheureusement, la majorité des Suisses l'a entendu d'une autre oreille ce dimanche.»

La Tribune de Genève (CH) /

La pression augmente quand même

La Tribune de Genève estime que la votation n'a pas été inutile :

«Cette campagne laissera pourtant des traces profondes, indépendamment de son issue. Mises en cause, forcées de justifier leurs pratiques et de s'exprimer publiquement, certaines multinationales ont senti le vent du boulet. Elles se savent désormais surveillées et tenues pour responsables, moralement sinon juridiquement, des activités accomplies en leur nom à l'autre bout du monde. … Les autres devront rapidement se montrer plus regardantes avec leurs sous-traitants. Elles échappent, en ce dimanche, aux foudres judiciaires. Elles n'éviteront plus, demain, des dégâts d'image irréversibles, si elles ne comprennent pas que le monde a changé.»