Guerre en Ukraine : la solution peut-elle venir des négociations ?
Le second cycle de négociations entre Ukraine et Russie à Istanbul a permis un nouvel échange de prisonniers, mais pas la conclusion d'un accord allant dans le sens d'un cessez-le-feu. Les commentateurs européens s'interrogent sur les moyens susceptibles de nous rapprocher d'une fin de la guerre.
Déjouer la tactique de temporisation
Avvenire préconise une tactique avançant sur plusieurs tableaux :
«La meilleure idée est celle d'une pression calibrée sur Vladimir Poutine, visant surtout à renverser un des points clés qui bloque le processus de négociation : l'idée que le temps joue en faveur de Moscou. ... L'idée consisterait en un nouveau plan de défense antiaérienne et antimissile (si les villes sont protégées, l'offensive perd de son efficacité) ainsi qu'en une confiscation progressive des fonds et des avoirs russes gelés tant que le Kremlin refuse des négociations d'égal à égal. ... Cette tactique ne prévoit pas une escalade de la guerre, mais vise à faire vaciller le complexe militaro-industriel russe en soulignant que l'agresseur a lui aussi intérêt à négocier.»
Les sanctions commencent à porter leurs fruits
Il faut maintenir la pression sur Poutine, fait valoir le spécialiste de la Russie Zoltán Sz. Bíró sur Élet és Irodalom :
«L'économie russe a clairement marqué le pas par rapport aux années précédentes. Ce qui ne signifie pas qu'elle soit sur le point de s'effondrer. Dans le même temps, Poutine doit composer avec des possibilités clairement plus limitées que jusqu'à présent. Les effets des sanctions commencent à se faire ressentir de plus en plus fortement, même si le processus est lent. Sachant cela, ce serait une grave erreur que de desserrer l'étau des sanctions sur la Russie. Les dernières années ont montré que l'autocratie de Poutine ne comprend que le langage de la force. Il serait temps que Trump en prenne enfin acte.»
Poutine veut plus que des territoires ravagés
Dans Espreso, le journaliste et député Mykola Kniajitsky pointe le manque de volonté de la Russie de négocier, en raison de la situation sur le front :
«Poutine n'envisage une fin de la guerre qu'à une condition : qu'il en soit le vainqueur. Un arrêt des hostilités sur la ligne de front actuelle ne lui apporterait pas la victoire dont il rêve. En l'état actuel des choses, la Russie gagnerait le contrôle de terres brûlées, elle occuperait des zones désertées et dévastées, un piètre butin à présenter à l'opinion russe. L'occupation de Bakhmout n'est pas un haut fait auquel on puisse consacrer un défilé sur la Place Rouge.»
Faute d'espoir, tout au plus la sécurité
Le spécialiste de l'Ukraine Balázs Jarábik analyse dans Új Szó la logique de la peur et les conséquences qu'elle peut avoir :
«Tandis que l'Europe considère le retour de Trump comme son défi stratégique majeur, la guerre a atteint une nouvelle dimension. La situation militaire, les manœuvres diplomatiques et les menaces stratégiques s'intensifient. Les inquiétudes sur la vulnérabilité des infrastructures nucléaires, surtout après l'attaque d'éléments stratégiques de l'armée de l'air russe, corroborent la logique de la peur. Cette peur, et non la victoire, pourrait être la seule force qui oblige les belligérants à forger un compromis. Une paix qui, faute de nourrir l'espoir, se limiterait à apporter au moins la sécurité.»