Couverture des manifestations : la liberté de la presse en péril en Grèce ?

Un nouveau règlement pour encadrer les manifestations fait couler beaucoup d'encre en Grèce. Un projet critiqué par les associations de journalistes, qui estiment que les médias seront maintenus à l'écart des manifestations, assignées par la police à des zones spéciales, et contraints de passer par un agent de liaison. Le gouvernement a tenu à préciser jeudi soir qu'il ne s'agissait que d'un dispositif optionnel. La presse crie au scandale d'une seule voix.

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Avgi (GR) /

La vraie menace, c'est la police

Le ministre grec de la police, Michalis Chryssohoïdis, veut masquer les agissements de la police, estime le journal de gauche Avgi :

«Lorsque l'intégrité physique des journalistes est menacée lors de mouvements de protestation, c'est systématiquement le fait de la police. Et jamais aucun policier n'a été sanctionné. Cessons donc ce jeu de dupes. Ce que recherche Michalis Chryssohoïdis, le ministre de la Police, c'est de soustraire les actes irresponsables des forces de l'ordre à toute documentation potentielle. ... En d'autres termes, cette décision bafoue la liberté de la presse et le droit constitutionnel des citoyens à l'information. Elle a pour objectif de protéger et de masquer l'arbitraire policier. Ce projet de loi ne passera pas.»

Naftemporiki (GR) /

Difficile de faire plus liberticide

Le quotidien conservateur Naftemporiki fulmine :

«A l'origine de cette offensive inédite, il y a l'idée selon laquelle le rôle de la presse doit se limiter à informer des actions et de l'attitude des citoyens, et non de celles des autorités. De surcroît, elle devrait le faire non pas avec son propre regard, mais 'en concertation et en intelligence mutuelle' avec la police, comme le précise le texte du projet. Peut-il y avoir de réforme plus antilibérale que celle qui impose à l'ensemble des journalistes d'adopter le même 'angle de vision' et ne leur autorise qu'une seule et unique source, celle de la police ? Peut-on concevoir d'initiative plus funeste pour la démocratie que celle qui consiste à dire aux représentants des autorités que les ordres qu'ils délivrent et les actions qu'ils ordonnent resteront à l'abri des regards et de l'opinion publique ?»