Plafonnement des loyers en Espagne : une mesure efficace ?

En Espagne, la coalition gouvernementale de gauche, constituée de PSOE et Unidas Podemos, a présenté un projet de loi visant à réguler le marché locatif. Il prévoit notamment un encadrement des loyers dans les grandes agglomérations et dans le cas où un propriétaire possèderait plus de dix logements. La mise en application est laissée à la discrétion des mairies et des régions. De nombreuses municipalités conservatrices, comme Madrid, ont d'ores et déjà annoncé qu'elles n'en tiendraient pas compte.

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La Vanguardia (ES) /

Surtout ne pas dissuader les investisseurs

La Vanguardia voit le projet de loi d'un œil sceptique :

«Les contrôles du prix des loyers par l'introduction de certains indicateurs en fonction de la zone et des caractéristiques des habitations sont des mesures qui sont inefficaces dans la plupart des cas. ... Du reste, elles pourraient dissuader des investisseurs nationaux et étrangers de fournir les capitaux nécessaires pour la construction d'appartements locatifs dont l'Espagne a besoin pour satisfaire la demande, surtout chez les jeunes. ... Car le fonds de relance européen ne suffira pas à lui seul [à rendre possible une construction significative de logements]. Sánchez aura besoin de l'aide de capitaux privés, nationaux et internationaux, et les mesures interventionnistes de régulation des loyers ne l'aideront guère à les attirer.»

Público (ES) /

Une aide importante

Público pointe l'hypocrisie des détracteurs du projet de loi :

«Comme toujours quand il y a un nouveau dispositif qui profite aux plus démunis, les élites le stigmatisent et le taxent d'interventionnisme, comme si c'était un repoussoir en soi. ... Lorsque l'Etat puise dans les caisses publiques pour subventionner le chômage partiel ou pour lancer des lignes de crédit de l'Etat, il s'agit d'une subvention toute naturelle dont personne ne s'émeut. ... Quelle hypocrisie. ... Il semble évident que là où le PP gouverne, ces mesures ne seront pas appliquées. Le parti conservateur sera alors sanctionné dans les urnes par une majorité appauvrie, qui prendra son destin en main et exigera la justice sociale qui lui est refusée.»