A la frontière bélarusse, un droit d'asile mis à mal

Des centres de rétention pour prendre en charge provisoirement les migrants à la frontière entre la Pologne et le Bélarus: c'est ce que propose la Commission européenne. Elle entend par ailleurs donner la possibilité à la Pologne, la Lettonie et la Lituanie de prolonger les procédures d'asile et de faciliter les expulsions. Que penser de cette suggestion ?

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Kleine Zeitung (AT) /

Un précédent fâcheux

Cette attitude remet aux calendes grecques une réforme digne de ce nom, déplore Kleine Zeitung :

«L'incapacité des pays membres de l'UE à faire avancer la réforme du droit d'asile aboutit à une solution de fortune de la Commission, qui ressemble beaucoup à un acte désespéré. Bien qu'il soit de notoriété publique que cette tragédie a été mise en scène par le potentat Loukachenko et qu'elle n'est absolument pas comparable à une véritable vague migratoire, les pays limitrophes - Pologne, Lettonie et Lituanie - pourraient se voir accorder le droit de mettre en suspens une partie de la réglementation du droit d'asile. ... Le nombre des réfugiés dans la zone frontalière n'atteint pas un niveau critique ; si l'on permettait de retenir des demandeurs d'asile dans des camps jusqu'à 20 semaines ou de n'autoriser les demandes qu'à certains endroits, ceci constituerait une jurisprudence pour tous les autres pays susceptible de se trouver un jour dans des situations comparables.»

Wprost (PL) /

Une victoire pour la Pologne

La décision aurait un impact sur la politique polonaise, explique Wprost :

«La Commission européenne veut faciliter pour la Pologne la tâche de combattre les attaques hybrides venant du Bélarus. La proposition légaliserait les pratiques de nos garde-frontières. Une mauvaise nouvelle pour l'opposition, qui critique l'action du gouvernement, et pour les militants, qui viennent en aide aux migrants envoyés par Loukachenko. ... La proposition de la Commission doit encore être validée par les gouvernements européens. Mais c'est déjà une grande réussite pour les pays qui critiquaient les lois migratoires trop libérales de l'UE.»