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  Politique migratoire en Europe

  7 Débats

Vendredi, les ministres de l'Intérieur de six Etats membres de l'UE se sont retrouvés sur le plus haut sommer des Alpes bavaroises (Zugspitze) et ont décidé de durcir la politique européenne en matière d'asile et d'immigration. Parmi les mesures prévues figurent notamment une augmentation des expulsions et l'externalisation des procédures d'asile vers des pays tiers. Dans ce contexte et sur fond des récentes émeutes d'extrême droite en Espagne, les commentateurs se demandent si l'Europe est sur la bonne voie en matière de politique migratoire.

Chaque jour, des centaines de migrants en provenance de Libye rallient l'île de Crète, en Grèce. Le gouvernement hellénique vient de décider de suspendre, pour une durée de trois mois, le traitement des demandes d'asile des réfugiés arrivés par bateau. Les arrivants seront "arrêtés et placés en détention", a affirmé le Premier ministre, Kyriakos Mitsotakis. La construction d'un centre de rétention en Crète a aussi été annoncée. La presse du pays est divisée.

Le commissaire européen aux Migrations, Magnus Brunner, les ministres de l'Intérieur italien et maltais et le ministre grec de l'Immigration se sont rendus mardi en Libye, pays de facto divisé en deux, pour aborder la question des réfugiés. La visite s'est déroulée comme prévu à Tripoli, mais à l'aéroport de Benghazi, en Libye orientale, siège du gouvernement non reconnu par l'UE, l'entrée sur le territoire leur a été refusée. Les chroniqueurs évoquent le contexte géopolitique et les effets de cet incident sur la question migratoire.

Le nombre de réfugiés qui traversent la Méditerranée depuis la Libye pour rejoindre la Crète, et de là l'Europe, a explosé ces dernières semaines. Athènes entend désormais déployer ses forces navales au large des côtes libyennes à titre dissuasif. Le Premier ministre, Kyriakos Mitsotakis, a indiqué ne pas vouloir laisser les passeurs déterminer qui peut entrer en Grèce. La question divise la presse du pays.

Des demandeurs d'asile arrêtés sur le territoire allemand dans le cadre d'un contrôle à la frontière ne peuvent pas être renvoyés sur le champ. C'est ce qu'a décidé le tribunal administratif de Berlin dans le cas de trois Somaliens expulsés vers la Pologne. En mai, le ministre de l'intérieur Alexander Dobrindt avait ordonné un renforcement des contrôles frontaliers et autorisé les refoulements. Cette décision judiciaire ne fait pas l'unanimité dans la presse.

Le gouvernement grec a annoncé un projet de loi visant à durcir les règles relatives à l'immigration. Celui-ci prévoit de rendre passible d'une peine allant jusqu'à cinq ans de prison tout séjour illégal dans le pays et de faire passer de 18 à 24 mois la durée maximale des rétentions administratives. Il prévoit également de supprimer une disposition qui accordait un permis de séjour aux personnes déjà présentes sur le territoire grec depuis au moins sept ans.

Une motion sur l'immigration – à caractère non contraignant sur le plan juridique – déposée par le groupe CDU/CSU et demandant un durcissement de la politique migratoire a été adoptée mercredi au Bundestag. Elle prévoit entre autres des contrôles permanents aux frontières allemandes. Ce vote a fait l'objet de vifs débat, une majorité n'ayant en effet pu être obtenue que grâce aux voix de l'AfD, formation actuellement soupçonnée par le renseignement allemand d'être d'ultra-droite. La presse européenne tente de faire le point.