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  L'Irlande du Nord post-Brexit

  19 Débats

Depuis deux ans, le parti unioniste DUP refusait de former un gouvernement d'unité en Irlande du Nord - comme le prévoit pourtant l'accord du Vendredi saint de 1998 - avec le parti nationaliste irlandais Sinn Féin, victorieux des élections régionales. Dans la nuit de lundi à mardi, le chef de file du parti, Jeffrey Donaldson, a finalement indiqué que le DUP était prêt à revenir au pouvoir. Des adaptations du protocole nord-irlandais conclu avec l'UE seraient à l'origine de la décision. Faut-il y voir le tournant attendu ?

Le 10 avril 1998, l'accord du Vendredi saint mettait fin à des décennies de violences en Irlande du Nord. A l'occasion des vingt-cinq ans de cette date historique, le président américain Joe Biden et le Premier ministre britannique Rishi Sunak se réunissent ce mardi à Belfast. Un anniversaire que les éditorialistes abordent surtout au prisme du conflit actuel sur le protocole irlandais adopté dans la foulée du Brexit, et sur le récent accord de Windsor.

Le Parlement britannique a adopté à une grande majorité l'accord cadre de Windsor, par lequel Londres et Bruxelles ont réglé leur différend commercial post-Brexit sur l'Irlande du Nord. Les anciens premiers ministres conservateurs Boris Johnson et Liz Truss ont tous deux voté contre le compromis négocié avec l'UE par leur successeur Rishi Sunak - de même que le parti nord-irlandais Democratic Unionist Party (DUP). Le litige est-il une page tournée ?

Après trois années de bisbilles, le Royaume-Uni et l'UE sont parvenus à un accord sur le protocole nord-irlandais. Les règles actuelles compliquent en effet le commerce entre la Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord, qui continue de facto à faire partie du marché unique européen. A l'avenir, il ne devrait y avoir de contrôles douaniers que pour les marchandises destinées à la République d'Irlande. La presse porte un regard globalement positif sur l'accord.

Près de trois ans après le Brexit, une solution se dessine sur la question nord-irlandaise. Le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, a présenté vendredi aux présidents des trois grands partis d'Irlande du Nord les grands traits d'un nouvel accord avec l'UE sur le statut de la partie de l'île rattachée au Royaume-Uni. Un accord s'impose, de l'avis des éditorialistes.

Lors d'une réunion lundi, le commissaire européen chargé de l'accord post-Brexit, Maroš Šefčovič, le ministre britannique des Affaires étrangères, James Cleverly, et le ministre britannique pour l'Irlande du Nord, Christopher Heaton-Harris, se sont entendus sur un échange de données concernant les flux de marchandises entre l'Irlande du Nord et l'Irlande. Un accord qui constitue selon eux une "nouvelle base" de discussion pour le protocole nord-irlandais. Les chroniqueurs se réjouissent de ce progrès.

Bruxelles entend déposer un recours contre le projet de loi du gouvernement britannique visant à contourner le protocole nord-irlandais. Le vice-président de la Commission européenne, Maroš Šefčovič, a qualifié le projet d'illégal et annoncé l'ouverture de plusieurs procédures d'infraction. L'affaire pourrait se terminer devant la CJUE.

Le gouvernement britannique a mis ses menaces à exécution et élaboré une loi qui suspend partiellement les dispositifs prévus par le protocole nord-irlandais conclu avec Bruxelles. Elle prévoit notamment une procédure accélérée pour les contrôles douaniers. Les entreprises nord-irlandaises devraient par ailleurs pouvoir choisir si elles veulent appliquer les normes britanniques ou européennes.

Les électeurs des quatre pays constitutifs du Royaume-uni sont appelés aux urnes, jeudi, dans le cadre des municipales. De plus, l'Irlande du Nord renouvellera son parlement. Les sondages donnent de bonnes chances de l'emporter au parti nationaliste Sinn Féin, déjà victorieux des législatives en République d'Irlande en 2020. Va-t-on vers une réunification de l'Irlande et de l'Irlande du Nord ?

Le gouvernement britannique a adopté une réglementation contraignant les citoyens de l'UE non domiciliés en Irlande à demander une autorisation de voyage électronique (eTA) pour pouvoir passer la frontière entre la République d'Irlande et l'Irlande du Nord. Le gouvernement de Dublin a condamné cette décision, susceptible d'entraîner, dans la pratique, un durcissement des contrôles pour les Irlandais et les Irlandais du Nord, contraires à un accord de longue date, le Common Travel Area Agreement.

Les contentieux qui opposent le Royaume-Uni à l'UE après le Brexit s'aggravent. Les négociateurs se retrouveront à nouveau vendredi pour tenter de trouver des solutions au protocole nord-irlandais, remis en cause par Londres, mais aussi au litige sur les licences de pêche. D'un journal à l'autre, les positions des éditorialistes sont très contrastées.

Bruxelles a proposé à Londres d'alléger les contrôles douaniers en mer d'Irlande, en place depuis le Brexit. Il est notamment prévu de lever les contrôles sur les marchandises destinées à l'Irlande du Nord. Cette proposition fait suite aux déclarations du ministre britannique du Brexit, David Frost, qui avait exigé une renégociation du protocole nord-irlandais et menacé de suspendre ce protocole. Les chroniqueurs conseillent à Bruxelles d'adopter une position claire et nette.

Une nouvelle phase de négociations débute mardi pour définir la gestion de la frontière intérieure irlandaise après le Brexit. Le ministre britannique en charge du dossier, David Frost, présentera une nouvelle proposition ; Bruxelles fera les siennes mercredi. Le Royaume-Uni menace de déclencher l’article 16 du protocole nord-irlandais, qui risquerait de suspendre plusieurs parties de l’accord.

L'Irlande du Nord a été le théâtre de troubles et d'affrontements entre groupes de jeunes pour la quatrième nuit consécutive. Dans l'ouest de Belfast, les émeutiers ont jeté des pierres et des cocktails molotov sur la police, qui a riposté à l'aide de canons à eau. Pour les éditorialistes, ces violences ne sont pas uniquement liées à la recrudescence des tensions politiques entre partis loyalistes et républicains.

Les relations sont tendues actuellement entre le Royaume-Uni et l'UE, car aux points irrésolus de l'accord de Brexit, viennent s'ajouter les problèmes de livraisons de vaccin contre le Covid 19. Les exportations de vaccins vers les pays extracommunautaires sont surveillées de près et peuvent être bloquées ; les contrôles à la frontière de l'Irlande du Nord constituent un sujet très sensible politiquement. Les chroniqueurs appellent à l'apaisement.

Un mois à peine après le Brexit, l'Irlande du Nord redevient un point de crispations. D'une part, l'UE avait envisagé des contrôles à la frontière intérieure irlandaise pour empêcher l'exportation de vaccins d'Astrazeneca fabriqués dans l'UE vers le Royaume-Uni. De l'autre, Bruxelles a provisoirement retiré ses contrôleurs des ports du pays, pour des raisons de sécurité. A l'origine de la décision, des menaces proférées par des unionistes, qui s'opposent à ce que les livraisons de marchandises britanniques soient soumises à des contrôles.

Les stratégies controversées suivies par le gouvernement britannique dans les négociations du Brexit et dans la lutte contre la pandémie de coronavirus ont renforcé les velléités séparatistes de l'Ecosse et de l'Irlande du Nord. D'après les sondages réalisés en août, une majorité d'Ecossais se dit favorable à l'indépendance. Les éditorialistes craignent que Johnson ne devienne le fossoyeur du Royaume-Uni.

Depuis que Boris Johnson a pris ses fonctions de Premier ministre britannique, son intransigeance sur la question du Brexit suscite une opposition croissante en Ecosse et en Irlande du Nord. Le Sinn Féin, le parti nationaliste catholique nord-irlandais, a même évoqué une réunification avec la République d'Irlande pour permettre à l'Irlande du Nord de rester dans l'UE. Les éditorialistes irlandais voient déjà l'avènement d'un nouvel Etat.

La Première ministre britannique Theresa May s'était rendue aux négociations sur le Brexit, lundi, à Bruxelles, avec dans son bagage une proposition de compromis : doter l'Irlande du Nord d'un statut spécial pour empêcher une 'frontière tangible' entre les deux Irlande. Proposition qu'elle a toutefois retirée par la suite, cédant probablement à la pression du DUP, le parti unioniste nord-irlandais. La Première ministre est en fâcheuse posture, selon les commentateurs.