Espagne : nouvelle loi sur les crimes franquistes

Le projet de loi de "mémoire démocratique", décidé il y a un an par le Conseil des ministres espagnol, doit être soumis ce jeudi au vote du Parlement en vue de son adoption définitive. Il prévoit notamment l'interdiction de glorifier le putsch militaire de 1936, la guerre civile qui s'en est suivie et les quarante années de dictature franquiste. Les médias espagnols de sensibilité de gauche applaudissent le projet.

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Le geste le plus courageux de l'Espagne démocratique

Pour l'hispaniste Ian Gibson, cette loi atteste de la maturité démocratique du pays :

«Si elle est entérinée par le Parlement, ce serait une des démarches les plus courageuses et les plus constructives que l'Espagne constitutionnelle ait entreprises à ce jour. ... Il importe également d'indemniser financièrement les familles des victimes, de dénoncer le caractère criminel du régime franquiste et d'enseigner dans les écoles l'histoire de la guerre civile et de la dictature. Quelle source de fierté pour l'Espagne démocratique, désormais pleinement intégrée à l'Europe ! ... Après avoir attendu si longtemps et franchi tant d'obstacles, l'Espagne pourrait enfin marcher la tête haute.»

eldiario.es (ES) /

Les liens tenaces entre la droite et le franquisme

Dans eldiario.es, le politique socialiste Manuel de la Rocha Rubí tente de comprendre pourquoi les conservateurs désapprouvent la loi :

«Pour la droite, il ne s'agit pas uniquement d'un énième épisode dans la guerre qu'elle mène contre le gouvernement. Son opposition s'explique aussi par le fait qu'elle ne s'est toujours pas affranchie d'un fardeau historique. ... La loi vise à accorder une plus grande reconnaissance à celles et ceux qui ont été victimes de persécutions et de violences lors de la guerre civile et de la dictature franquiste. Cette reconnaissance doit s'appuyer sur les principes de vérité, de justice, de réparation et de garantie de non-répétition, ainsi que l'a demandé en juillet 2014 le rapporteur spécial de l'ONU Pablo de Greiff. ... Une loi qui, pour la première fois, condamne expressément le putsch militaire de juillet 1936 et la dictature de Franco. ... Je crains que ce ne soit là précisément ce qui froisse les détracteurs conservateurs de la loi.»