Affaire de pédocriminalité : la Grèce sous le choc

En Grèce, un entrepreneur renommé est accusé d'avoir violé à plusieurs reprises une fille de douze ans et de l'avoir forcée à se prostituer. La jeune fille affirme avoir été contrainte à des relations sexuelles avec plusieurs hommes dans une maison close. L'accusé est membre du parti au pouvoir Nea Dimokratia et son entreprise a obtenu des contrats avec les ministères et autres institutions. La presse du pays ne peut croire que personne n'était au courant.

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Ta Nea (GR) /

Faire la lumière sur les négligences

Ta Nea fustige l'attitude des autorités et de l'entourage de la victime :

«Malheureusement, la société rechigne souvent à se mêler de telles affaires. Pour ne pas se retrouver impliquée, elle préfère ne rien voir ni ne rien entendre. Et il est inadmissible que l'Etat et les services sociaux, qui auraient pu protéger cet enfant, aient détourné le regard. Dans l'affaire de Kolonos [quartier d'Athènes où résident la jeune fille et l'accusé], ils n'ont pas rempli leur mission, et ce n'est pas une première. ... La protection des enfants doit prendre le pas sur tout objectif ou toute controverse politique. L'environnement social [de la victime] n'a pas été à la hauteur en laissant tomber cette enfant de douze ans. Il devra rendre des comptes à la justice et reconnaître son tort.»

To Vima (GR) /

L'apathie criminelle de la société

Dans To Vima, la professeure de psychologie Fotini Tsalikoglou et le professeur de psychiatrie Stelios Stylianidis écrivent :

«La sacro-sainte famille couvre, dissimule et pardonne les péchés de ses propres salauds, dont elle ne dénonce pas les démons. Il est difficile de croire que personne n'était au courant. Le criminel de Kolonos disposait de faux profils sur Internet, était impliqué dans bon nombre d'activités illégales, avait des armes à son domicile et menait une vie en phase totale avec ses passions destructrices. Il y avait certainement des failles dans son comportement social en apparence 'normal', mais personne n'a voulu les voir. Ce qui choque peut-être plus encore que la psychopathologie du criminel, c'est l'apathie meurtrière de son entourage. Un entourage qui, à l'image du chœur d'une tragédie antique, observe en silence pour mieux pleurer ensuite.»