Pays-Bas : un auteur visé par une campagne de haine
Suite à des menaces de mort à l'adresse de l'écrivain néerlandais queer Pim Lammers, ce dernier a annulé une prestation qui aurait dû avoir lieu lors de la Semaine du livre pour enfants 2023. Parce qu'il avait publié en 2015 une histoire sur la relation entre un adolescent et son entraîneur sportif, le groupe chrétien Gezin in Gevaar (La famille en danger) l'a qualifié dans une pétition d'"auteur pédophile". Le Premier ministre, Mark Rutte, a condamné les menaces de mort sur Twitter.
Empathie n'est pas synonyme de sympathie
Dans De Standaard, l'écrivain belge Yannick Dangre fait part de sa solidarité vis-à-vis de Lammers :
«Les détracteurs de l'écrivain n'ont absolument pas compris que l'auteur cherchait à susciter l'empathie. La littérature a le droit et se doit de défendre toutes les positions, y compris celles des criminels, des pédophiles, ou encore des personnes infidèles. ... Le problème, c'est que dans notre société obsédée par la morale, l'empathie est automatiquement taxée de sympathie. Il s'agit d'une erreur de raisonnement fondamentale. Pour en revenir à l'infidélité : ce n'est pas parce que l'on cherche à susciter l'empathie chez le lecteur qu'on approuve l'acte. ... Aujourd'hui, on n'est autorisé à ressentir de l'empathie que pour la victime.»
Ses agresseurs confondent réalité et fiction
Il semble que beaucoup de gens ne lisent plus de romans et ne sont donc plus en mesure de comprendre leur rôle, déplore NRC Handelsblad :
«Ces groupes de personnes qui cautionnent les menaces de mort, lesquelles s'adressent désormais également aux écrivains soutenant Lammers, jouent sur l'exacerbation des divisions. ... L'intervention et les questions du [populiste de droite] Wybren van Haga devant le Parlement ont montré un politique effrayé par l'effet que peut provoquer l'imagination. ... Peut-être qu'un de ses proches aura l'occasion de lui apprendre en quoi consiste un roman, et qu'il faut savoir distinguer la littérature de la réalité.»