L'Autriche rebat les cartes du paysage médiatique

Jeudi, le Parlement autrichien a décidé de mettre fin à la parution papier du plus ancien quotidien du monde. Wiener Zeitung, propriété de l'Etat, ne paraîtra plus qu'en version numérique à partir du 1er juillet. Par ailleurs, les médias privés dénoncent une réforme de l'audiovisuel public (ORF) qui prévoit de permettre à l'ORF de générer des contenus exclusivement numériques, mais aussi une refonte de la redevance et une réduction de son montant.

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Wiener Zeitung (AT) /

La redevance ne devrait pas profiter qu’à l’ORF

La politique commet plusieurs erreurs à la fois, pointe Wiener Zeitung :

«Le gouvernement a réussi son coup sur la politique médiatique. Ceci n'est pas une allusion au coup de grâce assené à la version papier de Wiener Zeitung, une affaire réglée. ... Non, il a réussi à détourner l'attention de l’erreur historique de cette nouvelle loi sur l'ORF. ... En effet, il est question d'adopter une redevance qui n'apporte aucune garantie aux médias privés de qualité, ce qui aurait pourtant été chose simple. En lieu et place d'une 'redevance ORF', il aurait été possible d'instaurer une 'redevance médias', un fonds qui aurait permis de financer des contenus publics créés par des médias privés. Car rien ne dit que cela doive être une prérogative de l'ORF. Heureusement, ce monopole est une page tournée.»

Kleine Zeitung (AT) /

La pluralité médiatique n'est pas un luxe

Pour Kleine Zeitung, la démocratie même est en péril :

«Il est vrai que la publication d'un quotidien imprimé n'est pas une mission de l'Etat. Il est également vrai que beaucoup de ceux qui versent aujourd'hui des larmes de crocodile en ont été les fossoyeurs, en privant le journal de financement à des époques plus fastes. La politique considère la 'pluralité médiatique' comme un luxe contraignant, et préfère privilégier un acteur public qu'elle puisse mener à la baguette en nommant des membres du conseil d'administration acquis à la politique partisane du moment. Cela n'a jamais marché par le passé, mais tout le monde n'apprend pas de ses erreurs. La diversité médiatique est l'un des noyaux des sociétés libres. ... L'histoire nous l'enseigne : tout régime totalitaire commence par une mise au pas des médias.»