Espagne : le parti d'extrême droite Vox en crise

Iván Espinosa de los Monteros, cofondateur du parti d'extrême droite Vox et porte-parole du groupe au Parlement espagnol, a annoncé qu'il quittait la vie politique. Aux élections du 23 juillet, Vox avait obtenu un résultat nettement moins bon qu'il l'espérait, perdant 19 sièges. Avec ce départ, le parti perd l'un de ses représentants les plus modérés. Quelles seront les conséquences pour Vox et le paysage politique espagnol ?

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El País (ES) /

Les ultralibéraux sur la touche

Les choix de Vox empêchent la coexistence de différentes idéologies au sein du parti, estime El País :

«Espinosa était le visage d'une tendance ultralibérale, inspirée de Margaret Thatcher ou de Ronald Reagan. ... Dès la création du parti, celle-ci a coexisté avec l'aile ultraconservatrice et fondamentaliste, opposée à l'avortement, à l'euthanasie et au mariage pour tous, mais aussi à l'intégration européenne. ... Avec la sortie de la Grande-Bretagne de l'UE, les ultralibéraux ont perdu leurs partenaires, les Tories, et Vox s'est rapproché des partis ultracatholiques. ... En 2019, [Vox] a décidé de supprimer les primaires permettant d'élire les candidats à la fonction publique. ... Les processus démocratiques au sein d'un parti sont le meilleur moyen d'endiguer les conflits. Sans eux, des dommages irréparables se produisent.»

El Periódico de Catalunya (ES) /

Les conservateurs face à un dilemme

Vox n'a plus le vent en poupe, constate El Periódico de Catalunya :

«Lors des avant-dernières élections, Vox avait réussi à s'en sortir grâce à un programme très nationaliste et conservateur, mais également en raison de la crise catalane et de la perte de vitesse du PP. Des conditions qui ne sont plus réunies aujourd'hui. ... Le PP, dont la fonction a longtemps été de circonscrire l'extrême droite, est à nouveau en mesure de minimiser le poids politique de Vox et de faire de ce parti un petit bastion d'extrémistes. ... Mais pour ce faire, le voilà placé devant un dilemme cornélien : doit-il intégrer une partie des postulats d'extrême droite à son programme ou s'en distancer ? Et a-t-il vraiment cette marge de manœuvre, dans la mesure où ces deux partis doivent pour le moins cohabiter au sein de [certains] gouvernements régionaux

eldiario.es (ES) /

Un virage ultraconservateur irréversible

Les idées d'extrême droite se sont imposées depuis longtemps, déplore eldiario.es :

«Le PP a repris à son compte une grande partie de l'idéologie de Vox, notamment par sa culture politique antilibérale, par l'importance donnée au conservatisme national-catholique [du dictateur Franco] dans ses rangs, et par sa rhétorique nationaliste divisant le pays entre Espagnols et anti-Espagnols. ... [Le président du PP] Alberto Núñez Feijóo a réussi à faire de l'extrême droite un courant mainstream, et il n'y a pas de demi-tour possible. ... La frontière entre droite et extrême droite s'est estompée. ... Vox peut très bien disparaître, si nous ne faisons rien, ses idées subsisteront, se propageront et mineront inéluctablement la démocratie.»