Espagne : le virage à droite évité ?

Francina Armengol (PSOE) a été élue présidente du Parlement espagnol à la majorité des voix - grâce notamment au score obtenu par le parti séparatiste Junts per Catalunya de Carles Puigdemont. Le PSOE du Premier ministre sortant Pedro Sánchez peut-il compter sur les voix des séparatistes ? Quelles implications ce vote pourrait-il avoir sur les prochaines négociations de coalition et sur l'avenir de Vox et du PP ? Les médias en débattent.

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eldiario.es (ES) /

Le début d'une législature prometteuse

Eldiario.es salue ce qu'il considère comme un tour de force politique :

«C'est formidable. D'un seul coup, la majorité progressiste gagne le contrôle de la présidence, divise la droite, évince Vox, et le chef de file du PP [Alberto Núñez] Feijóo perd tout soutien pour pouvoir solliciter au roi la charge [de former un gouvernement]. Mieux encore, avec ce vote, Carles Puigdemont sera réhabilité politiquement, et on mettra fin à un retard de plusieurs années dans la normalisation des langues officielles au Parlement. Ce vote pourrait marquer le début d'une législature qui permettra de résoudre enfin les conséquences des aspirations séparatistes [catalanes].»

El Mundo (ES) /

Un pays qui découvre ses limites

Sánchez montre une nouvelle fois son manque de scrupules, estime El Mundo :

«Une question reste désormais en suspens, celle de savoir si Pedro Sánchez parviendra à former un gouvernement, et si oui, sur quelles bases. ... Combien d'obstacles ce dirigeant, habitué à marcher sur des mines sans vaciller, pourra-t-il surmonter ? ... Puigdemont est conscient qu'il s'agit de son dernier atout et il est prêt à salir la démocratie par le chantage et l'impudence. ... Il s'agit d'un moment passionnant : un pays apprend à découvrir ses propres limites. ... Ces années hasardeuses ont fait de Sánchez un politique qui a su neutraliser pratiquement tout le monde. En une seule manche, il est parvenu à isoler le 'messie' Alberto Núñez Feijóo [le chef de file des conservateurs] et à lui accrocher le cadavre de Vox à la ceinture.»

Frankfurter Rundschau (DE) /

Les liens avec les séparatistes restent tendus

Le quotidien Frankfurter Rundschau juge envisageable que le parti de Puigdemont soutienne également un nouveau gouvernement Sánchez :

«Mais à quel prix ? Personne ne saurait le dire. Sánchez change d'idée - ou de promesse - comme de chemise. Ce dont Puigdemont est bien conscient. Mais Sánchez maîtrise l'art de l'ambivalence. Il promet actuellement aux séparatistes catalans, que leur 'conflit politique' sera 'déjudiciarisé'. Or Sánchez ne pouvant passer outre les lois, cela l'obligerait à les faire modifier - ce qui a des limites dans la Constitution. Difficile d'imaginer que Sánchez et Puigdemont puissent faire la paire.»

Mediapart (FR) /

La majorité n'est pas assurée

Malgré la victoire de Francina Armengol, la réélection de Pedro Sánchez n'est pas garantie, prévient Mediapart :

«Le vote d'investiture pourrait avoir lieu fin août ou début septembre. Son issue dépendra une nouvelle fois de la position [du parti séparatiste] JxCat, c'est-à-dire de Carles Puigdemont, qui décidera si Pedro Sánchez continuera à diriger l'Espagne ou, dans le cas contraire, si le pays devra organiser de nouvelles élections dans les prochains mois. Mais aussi [du parti de gauche] ERC. Les deux formations catalanes ont fait savoir que leur vote de jeudi ne présumait pas de leur attitude à venir.»