Contestation en Serbie : nouvelle escalade de la violence

La mobilisation contre le président serbe Aleksandar Vučić, qui dure depuis neuf mois déjà, a atteint un nouveau palier. La ville de Valjevo a notamment été le théâtre de violents affrontements, des manifestants ayant mis le feu au siège du SNS, après que des groupes de hooligans accusés d'être affiliés au parti au pouvoir ont agressé des sympathisants du mouvement et vandalisé leurs commerces, en marge des manifestations.

Ouvrir/fermer tous les articles
Salzburger Nachrichten (AT) /

Vučić montre sa véritable nature

Le président serbe est dos au mur, analyse Thomas Roser, correspondant du quotidien Salzburger Nachrichten pour les Balkans :

«Avec ses sorties contre les médias indésirables et les groupes de la société civile, le marionnettiste en chef, qui semble passablement nerveux, a décidé de renoncer à tous les faux-semblants, même vis-à-vis de partenaires européens bienveillants, et de révéler sa véritable nature autoritaire. ... Pendant des années, Vučić, politique en campagne électorale permanente, a constamment cherché refuge dans les élections anticipées. Mais même en cas de nouveau scrutin trafiqué, son SNS doit craindre d'être défait dans les urnes. Car un nombre croissant de Serbes voient désormais dans le parti au pouvoir une clique kleptocrate aussi corrompue qu'autoritaire.»

Financial Times (GB) /

Cap sur la pseudo-démocratie

L'UE doit contraindre le président serbe à renoncer à son cap autoritaire, juge The Financial Times :

«L'UE et le Royaume-Uni ont trop longtemps fait preuve de mansuétude à son égard. La realpolitik a imposé la volonté de ne pas voir la Serbie être attirée dans l'orbite de la Russie. Cette position n'est toutefois plus tenable. Il faut pousser Vučić à rendre des comptes et à organiser des élections vraiment équitables - ce processus est de toute façon essentiel si le pays veut espérer adhérer à l'UE. L'alternative, ce serait que la Serbie emprunte la voie déplorable prise par la Géorgie et devienne une pseudo-démocratie, sur laquelle l'UE n'aurait aucune influence, et dont elle pourrait seulement commenter les excès par des protestations formelles.»

tagesschau.de (DE) /

L'Europe se décrédibilise

Tagesschau.de critique le silence de l'UE :

«Les revendications de la société civile serbe relèvent de l'évidence dans un pays européen qui se veut démocratique - et qui est, de surcroît, candidat à l'UE. Mais au lieu de soutenir le mouvement démocratique, la Commission européenne tourne le dos aux manifestants en Serbie : pas le moindre soutien venant de Bruxelles. L'Europe veut profiter de la force économique de la Serbie, quelle que soit l'ampleur de la corruption dans le pays. Ainsi, l'année dernière, l'UE a conclu un pacte avec Belgrade pour l'extraction du lithium serbe. Avec ce type de politique d'adhésion, l'Europe galvaude sa crédibilité et piétine ses propres valeurs.»