Accident à Lisbonne : quelle responsabilité pour la politique ?
Suite au déraillement du funiculaire "Elevador da Glória" à Lisbonne dans lequel 16 personnes ont trouvé la mort, le maire de la ville, Carlos Moedas, est sous le feu des critiques. Il y a quatre ans, après un scandale politique survenu lors du mandat de son prédécesseur Fernando Medina, Moedas avait assené que les politiques se devaient d'assumer la responsabilité d'incidents, y compris de ceux ne résultant pas de leur action.
Désigner les coupables
Correio da Manhã exige des conséquences politiques ou judiciaires :
«Nous savons bien entendu que les accidents sont des choses qui arrivent, et qu'ils ne relèvent pas obligatoirement de la négligence. Cependant, un schéma inadmissible tend à se répéter. A chaque fois, personne n'est jamais vraiment tenu pour responsable. On constitue des commissions, on mène des enquêtes, on intente même des procès, mais les responsables qui agissent au nom de l'Etat ou de grandes régies pour assumer des prestations publiques s'en tirent toujours à bon compte. ... Il faut que les enquêtes produisent un résultat. Et s'il s'avère qu'une négligence ou qu'un crime ont été la cause du dysfonctionnement, les responsables doivent être tenus de rendre des comptes, que ce soit une personne ou une institution.»
Pas de conclusions trop hâtives
Le maire de la capitale est doublement sous pression car il s'était montré très exigeant envers son prédécesseur, rappelle Jornal de Notícias :
«Il est important qu'il reste en fonction le temps d'assurer aux victimes et à leurs familles tout le soutien nécessaire et de contribuer à faire toute la lumière sur le drame [du funiculaire] Elevador da Glória. Alors seulement, quand les responsabilités auront été établies, il sera possible de juger s'il est justifié de réclamer sa démission. ... Ne tirons pas de conclusions prématurées. Le hic, c'est que ce même Carlos Moedas avait réclamé la démission de Fernando Medina [maire de 2015 à 2021] pour avoir transmis au gouvernement russe des données relatives à des dissidents anti-Kremlin établis à Lisbonne.»
Un avertissement à nous tous
Cet accident devrait aiguiser les consciences dans d'autres lieux touristiques, met en garde Protagon :
«Il relève de la responsabilité collective de faire en sorte qu'un moyen de transport historique encore utilisé reste sûr, moderne et fonctionnel. Cet entretien doit aller au-delà des travaux de maintenance habituels. Ceci requiert des investissements, de la transparence et une volonté politique de changement. ... Ce malheur a eu lieu sur le sol portugais, mais en définitive et au vu du faisceau de paramètres qui entrent en ligne de compte, il nous concerne tous. Tout particulièrement les destinations touristiques prisées qui connaissent une grande affluence. Les infrastructures vétustes de certains sites historiques peuvent-elles résister à une utilisation intense et continue ?»