Réparations de guerre : Berlin oppose une fin de non-recevoir à Varsovie

Pour sa première visite officielle en Allemagne, le nouveau président polonais Karol Nawrocki a réitéré la demande d'indemnisation à hauteur de 1 300 milliards d'euros pour les dommages subis par la Pologne sous l'occupation allemande pendant la Seconde Guerre mondiale. Côté allemand, le chancelier Friedrich Merz et le président Frank-Walter Steinmeier ont tous deux écarté la possibilité d'un dédommagement, arguant que le dossier était clos sur le plan juridique.

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Rzeczpospolita (PL) /

Une grande injustice

Le président polonais Karol Nawrocki a raison de ne pas lâcher de lest sur le dossier des réparations, estime Rzeczpospolita :

«Compte tenu des effroyables pertes infligées à la Pologne par l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale, la question des réparations, des indemnisations et des réhabilitations est un facteur d'une importance incommensurable pour les relations germano-polonaises, sur les plans moral et émotionnel. Les manquements côté allemand en termes de réparations sont immenses et flagrants. Et il est faux de dire que les politiques allemands n'en ont pas conscience. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'ils réagissent avec autant de nervosité et d'émotion aux revendications polonaises et qu'ils appréhendent les retombées qu'elles peuvent avoir, surtout sur leur réputation personnelle.»

Český rozhlas (CZ) /

Quid des réparations dues par la Russie ?

Český rozhlas se demande pourquoi les demandes de réparations de la Pologne convergent vers la seule Allemagne :

«Il est indéniable que les nazis ont commis d'innombrables crimes sur le territoire polonais et contre la nation polonaise. ... Rappelons tout de même qu'en 1945, les Polonais ont expulsé dix millions d'Allemands de ce qui est actuellement la Pologne. ... En toute logique, la Pologne aurait également intérêt à se faire dédommager par la deuxième puissance d'occupation, l'Union soviétique, qui a occupé la moitié orientale de la Pologne de l'époque, pour ne plus jamais la rendre à la Pologne. ... Mais il est bien évidemment plus facile de demander des réparations à l'Allemagne, pays ami, que d'aller contrarier Moscou, déjà hostile. On est toutefois en droit de douter que ce soit un calcul intelligent.»

Süddeutsche Zeitung (DE) /

Serrer les rangs contre Poutine

Süddeutsche Zeitung appelle de ses voeux des gestes forts :

«Les demandes de réparations n'ont aucun fondement juridique ; Au demeurant, il est grand temps de faire un geste, notamment pour les rares victimes du système nazi encore en vie. Il ne faut pas non plus abandonner le projet d'ouvrir un centre culturel germano-polonais à Berlin. Il y a une autre idée, essentielle même si elle n'est pas nouvelle. Celle de transformer les erreurs passées de l'Allemagne en mission à remplir dès aujourd'hui et pour l'avenir. Le pays doit aider davantage la Pologne à se protéger contre la menace russe. Les torts que les Allemands ont causés à la Pologne sont irréversibles. Mais en unissant nos forces pour repousser l'agresseur russe, on tirerait le meilleur enseignement de l'histoire.»