Argentine : le champ libre à la tronçonneuse de Milei ?

Le parti du président argentin Javier Milei, La Libertad Avanza (LLA), a remporté les législatives de mi-mandat avec environ 41 pour cent des voix. Le président d'extrême droite, au pouvoir depuis deux ans, interprète ce résultat comme un soutien à sa politique d'austérité radicale. Avant le scrutin, le président américain, Donald Trump, avait conditionné un plan d'aide de plusieurs milliards en soutien au peso à une victoire de LLA.

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Rzeczpospolita (PL) /

La fin du péronisme

Milei peut désormais gouverner sans entrave, écrit Rzeczpospolita :

«Ce qu'il faut retenir, c'est que LLA dispose désormais d'un nombre suffisant de sièges pour empêcher que le Parlement rejette un véto présidentiel. Ainsi, l'opposition aura du mal à faire voter des dépenses publiques supplémentaires. Pour rester au pouvoir, Milei doit maintenant entreprendre des réformes structurelles qui permettront la croissance. Il s'agit en particulier de simplifier le système fiscal, de réduire les dépenses liées aux retraites et de libéraliser le marché du travail. ... En résumé, la fin de l'héritage [justicialiste] du péronisme, qui a été façonné au fil des dernières décennies.»

La Libre Belgique (BE) /

De la poudre aux yeux

La Libre Belgique tacle la politique d'austérité délétère mise en place sous Milei :

«L'inflation a certes ralenti, mais au prix d'une purge budgétaire et sociale sans précédent . ... Les Argentins, comme les Italiens sous gouvernance de Giorgia Meloni plus près de chez nous, découvrent ce que cachent les slogans de 'liberté économique' : des hôpitaux sous pression, des jeunes qui partent, une pauvreté rampante sous les oripeaux de la rigueur. Ce que Milei présente comme une 'grande Argentine' ressemble surtout à un pays à genoux, prié de se contenter de promesses d'investissements étrangers et de sermons sur le courage du sacrifice.»

Die Welt (DE) /

Merz devrait en prendre de la graine

Die Welt déplore que l'Allemagne ne suive pas cette voie :

«Les électeurs récompensent les réformateurs intrépides, capables de faire avancer le pays rapidement et de manière visible. Lorsqu'une économie bat de l'aile, on ne peut se permettre de rechercher le compromis et de conserver les acquis. Il faut au contraire faire preuve de courage et fixer un cap clair. Où est passé le génie allemand de la réforme ? ... Nous sommes à mille lieues de la stratégie gagnante de Milei. Nous avons au contraire l'impression croissante que Merz a choisi de suivre l'exemple français, ce qui nous sera fatal. Emmanuel Macron, le président du pays voisin, s'est délié de ses promesses de réformes conséquentes et mise désormais sur un endettement toujours plus élevé de l'Etat. La France semble être devenue ingouvernable et sa note souveraine se dégrade dangereusement. Alors que Macron incarne la défaite et Milei, lui, est synonyme de réussite. Le gouvernement de Merz serait bien avisé de mettre le cap sur Milei.»

El Mundo (ES) /

Le rempart étatsunien contre la Chine

Dans son éditorial, El Mundo analyse la portée mondiale du résultat :

«La légitimité de Milei, qui s'était discrédité à cause de différentes affaires de corruption, a ainsi été rétablie. Trump sort également bénéficiaire de ce scrutin sur le plan géopolitique. Car ce dernier avait tenté un coup de poker politique en conditionnant un plan de sauvetage de 20 milliards de dollars pour l'Argentine au résultat des élections. Une entreprise qui s'est bien terminée. ... Ainsi, l'Argentine devient le partenaire le plus important de Washington en Amérique latine et un rempart contre l'expansionnisme chinois. La consolidation du mandat de Milei va lui permettre d'intensifier sa politique de réforme, même s'il semble avoir réalisé qu'il devra calmer son ton agressif et clivant pour jeter des ponts et négocier.»

taz, die tageszeitung (DE) /

Une manne extensible pour Trump

Le président américain peut être satisfait, écrit taz :

«Passé maître dans l'art des deals, Trump sait quand est-ce que l'investissement de quelques millions peut valoir le coût. ... Milei est tributaire de ses deniers, bientôt rejoint par le nouveau président conservateur de Bolivie, Rodrigo Paz, qui a déjà annoncé son intention de rétablir les relations diplomatiques avec les Etats-Unis. Sans oublier le Chilien d'extrême droite José Antonio Kast, qui a de bonnes chances de remporter l'élection présidentielle de novembre face à la communiste Jeannette Jara. Si ce scénario se réalise, Trump disposerait, avec l'Argentine, le Chili et la Bolivie, de trois alliés formant le fameux 'triangle du lithium', ainsi que des plus grandes mines de cuivre d'Amérique du Sud.»