Fallait-il exclure l'AfD des débats télévisés ?

Sur pression du SPD et des Verts, la chaîne publique SWR a exclu le parti nationaliste-conservateur AfD des plateaux de télévision avant les élections régionales en Bade-Wurtemberg et en Rhénanie-Palatinat. La candidate CDU de cette dernière région, Julia Klöckner, a réagi en refusant de participer au débat. La chaîne aurait-elle pris une mauvaise décision ?

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Tages-Anzeiger (CH) /

Les anciens partis apportent de l'eau au moulin de l'AfD

En refusant d’affronter la formation d'extrême droite AfD dans le cadre d’un débat, le parti au pouvoir SPD et les Verts font malgré eux la promotion de ce parti nationaliste-conservateur, argumente le quotidien de centre-gauche Tages-Anzeiger :

«L’AfD se pose en victime du 'discours dominant', une posture qu’elle exploite abondamment. Elle prétend prêter sa voix à ceux qui ne se retrouvent plus dans la caste des anciens partis. C’est pourquoi l’exclure du système lui profite plus que de l’y associer. Le SPD et les Verts font involontairement campagne pour l’AfD, résume [la chef de liste CDU en Rhénanie-Palatinat] Julia Klöckner. Dans les différents Länder du pays, on constate que c'est là où ils sont le plus marginalisés que les populistes de droite récoltent le plus de voix.»

Carta (DE) /

Le parti de l'exclusion n'a pas voix au chapitre

Ne pas convier l’AfD aux débats télévisés avant les législatives de mars est une bonne décision, pense le chroniqueur Richard Meng sur le portail d’auteurs Carta.info :

«Il ne faut pas en conclure que l’on peut se dispenser d’argumenter. Mais il faut préférer le cadre démocratique au dialogue avec des représentants de l’exclusion. Tous les forums Internet qui ne cessent d’affirmer que personne n’est à l’écoute des peurs et des doutes de la population déversent des tombereaux d’inepties. Hélas, le débat public est aujourd’hui enserré dans le cercle vicieux de la peur et des doutes. ... Il en va de la stabilité de la société civile dans son ensemble. De sa disposition à se laisser gagner par l’inquiétude de la politique et des médias. Voire à exacerber encore plus cette inquiétude.»