Portugal : le rejet de l'austérité porte ses fruits

Le nouveau gouvernement de gauche portugais, qui avait été fortement critiqué par certains partenaires de l'UE en raison de son rejet du tout-austérité, est parvenu à contenir le déficit budgétaire à 2,1 pour cent du PIB en 2016. Ces nouvelles étonnantes sont un pied-de-nez pour les détracteurs de Lisbonne, se réjouissent les commentateurs portugais, qui soulignent cependant que le pays est loin d'être tiré d'affaires.

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Expresso (PT) /

Lisbonne a infligé un camouflet à ses détracteurs

Presque personne ne s’attendait aux succès que vient d’enregistrer le Portugal, se réjouit l’hebdomadaire Expresso :

«Contre toute attente, les prédictions du ministre des Finances Mário Centeno se sont confirmées, infligeant ainsi une véritable gifle aux catastrophistes à Bruxelles et au Portugal, qui avaient vertement critiqué le gouvernement socialiste pour son renoncement au tout-austérité. … Vous voyez, il y avait bien alternative ! Lorsque les prévisions européennes sur le Portugal se sont avérées erronées, même le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, a dû reconnaître que l'augmentation du salaire minimum et celle de la consommation intérieure avaient eu des répercussions positives sur la performance globale de l’économie portugaise. Pourtant, les problèmes structurels du Portugal persistent et sont urgentissimes : ampleur de la dette publique et privée, effondrement du système bancaire, faible productivité et capacités d’investissement en berne.»

Jornal de Negócios (PT) /

Le pays pas encore tiré de l'ornière

En dépit des récentes annonces positives, Jornal de Negócios se montre nettement moins optimiste :

«Le respect du plafond de déficit pour l’année 2016 est une bonne nouvelle, mais cela ne rassure pas, pour trois raisons. D’une part, ce résultat a été obtenu grâce à des recettes exceptionnelles (liées notamment au recouvrement des impôts). Deuxièmement, parce que le gouvernement minoritaire socialiste a gelé des investissements publics de près d’un milliard d’euros. La troisième raison est plus grave encore : Bruxelles a déjà confirmé que le déficit structurel portugais ne s’était pas amélioré en 2016. … Ceci indique la nécessité de consolider le budget de l’Etat, afin que le déficit ne reparte pas à la hausse en cas d’évolution des conditions économiques et que le seuil de trois pour cent ne soit pas à nouveau dépassé. … Ce que les chiffres de l’année dernière montrent clairement, c’est qu’il n’y a pas eu de véritable changement structurel dans les finances publiques portugaises, ce qui est franchement préoccupant.»