La France veut des 'entreprises à mission'

Le gouvernement français entend ancrer dans la loi la responsabilité des entreprises envers la société et l'environnement. Il s'agit d'une idée formulée par Emmanuel Macron lors de sa campagne présidentielle, dans le but de réformer la nature de l'entreprise. La législation est-elle cependant le moyen idoine pour atteindre cet objectif ?

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Libération (FR) /

Tout commence avec les mots

Pour le rédacteur en chef de Libération, Laurent Joffrin, ce serait un premier pas important :

«Bien sûr, si cette réforme passe, aucun roi du CAC 40 ne distribuera soudain son argent aux pauvres, aucun magnat à gros cigare ne se changera en anachorète lavant les pieds des pauvres, aucun milliardaire ne se lancera sur les chemins, éperdu et transfiguré, en criant 'A bas l'argent, vive le partage !' Pourtant elle a son importance. Comme toutes les chartes, la nouvelle définition de l'entreprise, plus humaine, plus civique, servira de référence aux salariés, aux syndicats, aux ONG, aux politiques, pour exiger du capital un comportement moins néfaste au travail et moins oublieux de la cité. Paroles, paroles, paroles ? Certes. Mais dans la lutte pour plus de justice, tout commence avec les mots.»

Le Monde (FR) /

Laisser l'initiative à la discrétion des entreprises

Olivier de Guerre, spécialiste de l'économie solidaire, déconseille d'obliger les entreprises à assumer une mission sociale, comme il l'écrit dans Le Monde :

«Toutes les entreprises quelles qu'elles soient peuvent contribuer à l'intérêt général si elles s'en donnent les moyens, et il est urgent de favoriser ce mouvement compte tenu des enjeux actuels. Ce constat éclaire le débat, qui se polarise sur des arguments ne correspondant pas à la réalité, et génère des prises de position ambiguës voire contradictoires. Il est en effet difficile aujourd'hui pour une entreprise privée de développer une mission sociale et environnementale sans risque de voir quelques actionnaires s'en 'émouvoir', le contester en assemblée générale ou devant un juge, considérant que le retour pour l'actionnaire est la seule 'mission' de l'entreprise.»