Vers un "axe" contre l'immigration ?

Le chancelier autrichien, Sebastian Kurz, et le ministre de l'Intérieur allemand, Horst Seehofer, ont annoncé leur volonté d'intensifier leur coopération en matière de politique migratoire. Ils ont annoncé la création d'un "axe de pays volontaires" reliant Rome, Berlin et Vienne. Un intitulé qui choque les commentateurs.

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Tageblatt (LU) /

Kurz n'a que faire de l'histoire

Le quotidien Tageblatt est scandalisé par les déclarations du chancelier autrichien :

«Peut-être le conservateur Kurz a-t-il oublié les associations qu'un axe de cette nature pouvait susciter dans le reste de l'Europe. Cet axe a déjà existé par le passé, en 1936 pour être précis. Il devrait avoir gravé dans tous les esprits un souvenir aussi sombre que nul ne peut ignorer la connotation associée à son nom. Le plus probable est peut-être que Kurz se contrefiche tout bonnement de tout cela. En jeune battant, il ne veut pas s'occuper d'un passé trop encombrant. Kurz, que le passé nazi de son partenaire de coalition ne trouble pas le moins du monde, veut foncer vers l'avenir - il faut croire qu'il ressentirait comme un frein de regarder une seconde dans le rétroviseur.»

Salzburger Nachrichten (AT) /

L'heure est à l'union, pas aux dissensions

La politique migratoire européenne actuelle fait exactement le contraire de ce qu'il faudrait faire, critique le quotidien Salzburger Nachrichten :

«Le continent a un besoin criant d'une solution européenne. Cette solution passe par la recherche laborieuse d'un consensus. Or c'est tout le contraire que l'on observe. Le ministre allemand de l'Intérieur, Horst Seehofer, veut refouler dès la frontière les demandeurs d'asile déjà enregistrés [dans un autre pays]. Ce faisant, il ne fait que déplacer le problème, au détriment des Etats voisins, et, in fine, de l'Italie et de la Grèce. Le chancelier autrichien, Sebastian Kurz, veut forger avec Rome et une partie de Berlin un "Axe des volontaires" contre l'immigration illégale. Ce faisant, il creuse de nouveaux fossés dans l'UE. En effet, il reprend le terme de 'coalition of the willing' utilisé par le président américain George W. Bush pour mobiliser les pays à rejoindre sa guerre en Irak et diviser l'Europe. Le choix des mots devient de plus en plus effarant.»