Européennes : Le Pen et Salvini entrent en campagne

Deux grands partis de l'extrême droite européenne, La Lega en Italie et le Rassemblement national en France, ont donné le coup d'envoi de la campagne pour les européennes qu'ils entendent mener ensemble. A Rome, Matteo Salvini et Marine Le Pen ont déclaré vouloir instaurer une "Europe des nations" au lendemain des élections de mai. Certains éditorialistes sonnent d'ores et déjà le glas de l'UE. D'autres estiment en revanche que les vaines promesses des populistes de droite n'ont aucune chance d'aboutir.

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TVXS (GR) /

L'Europe connaît ses pires cauchemars

La dissolution de l'UE n'est plus un scénario irréaliste, met en garde le portail TVXS :

«Suite aux nombreux revers que la cohésion au sein de l'UE a essuyés, c'est une éventualité. On est du reste en droit de douter qu'il soit encore temps de quitter la voie de l'isolationnisme et du nationalisme et que la volonté de le faire y est. ... Il semblerait aussi qu'un manque de compétence soit en cause. L'Europe connaît les pires cauchemars de son histoire car depuis des années, une direction politique incompétente a ouvert grand ses portes au travail de lobby d'élites et d'institutions, sans légitimation démocratique. Et comme toujours, l'extrême droite utilise les armes de la démocratie pour la renverser.»

La Croix (FR) /

Le démantèlement de l'UE n'a rien de raisonnable

Lors de la conférence de presse, Salvini a annoncé une révolution du bon sens. La Croix fait part de son scepticisme :

«Le bon sens, vraiment ? Dans le monde du chacun pour soi qui se dessine, l'intérêt des peuples de notre continent, face aux Etats-Unis, à la Chine, à la Russie, est-il de réduire l'Union européenne à la seule dimension d'un syndicat de nations ? Il faut plutôt rassembler nos forces pour prendre en charge efficacement des enjeux comme les migrations ou le changement climatique. On n'y parviendra pas sans se mettre à l'écoute des peuples, de leurs inquiétudes, de leurs frustrations, mais aussi de leurs initiatives. Ne laissons pas les peuples aux mains des populistes.»

La Stampa (IT) /

Cette satanée dépendance financière

Rome ne peut se permettre de partir en guerre contre l'UE, car par malchance, elle est tributaire des fonds de l'"ennemi", raille le politologue Alberto Mingardi dans La Stampa :

«Les nationalistes attaquent l'UE, qu'ils accusent d'être un cartel de classes dirigeantes sans véritable légitimité populaire : un projet élitiste, en phase avec les valeurs partagées par une infime minorité et étranger au peuple souverain. Dans la logique de cette analyse, l'objectif devrait être de quitter le club le plus tôt possible. Mais pour pouvoir faire cavalier seul, il ne faut pas dépendre de la bienveillance des autres. ... Il se trouve cependant que la politique économique de notre gouvernement est basée sur l'idée que les autres Etats européens non seulement toléreront les promesses électorales des partis majoritaires, mais que de surcroît, ils les financeront en quelque sorte.»