La Russie veut combattre les 'fake news'
Les autorités russes pourront neutraliser les médias numériques si le Parquet général estime que ceux-ci diffusent des informations jugées inadéquates. Ceux qui se rendront coupables d'un "manque de respect patent envers l'Etat et les autorités" s'exposeront à des amendes et à des peines de prison. Quel sera l'impact de ces lois, qui portent le nom de leur instigateur, le député Andreï Klicha, et qui ont été adoptées en procédure accélérée ?
Les doubles standards de Moscou
La loi affectera surtout les opposants, estime taz :
«Comme c'est souvent le cas en Russie, les passages clés de la loi restent délibérément vagues. Et pour cause : il est ainsi beaucoup plus aisé d'interdire les contenus jugés néfastes par l'Etat - néfastes pour lui-même et néfastes pour son image, bien entendu. L'instance de surveillance Roskomnadzor, qui a par le passé déjà bloqué de nombreux sites Internet, montre toute l'étendue du délire de contrôle qui sévit en Russie. ... Ce qui est formidable dans tout cela, c'est que ce sont toujours les opposants et les critiques du régime qui produisent et publient des 'fake news'. Voilà de nouveau les doubles standards que Moscou aime tant reprocher à un Occident jugé décadent et putrescent.»
Des armes obsolètes face aux technologies modernes
Radio Kommersant FM juge l'initiative inefficace :
«Si l'efficacité de telles lois est particulièrement limitée, elles font en revanche beaucoup de bruit. ... Le pouvoir étatique part en croisade contre Internet. Les lois Klicha font partie de ce vaste programme. ... Mais la bataille d'Internet ne sera pas simple à gagner : le problème principal, ici, est l'inefficacité de l'Etat, doublée d'une imperturbable bureaucratie. Par exemple, avant qu'une 'fake news' n'arrive devant le Parquet et avant que celui-ci ne prenne une décision, il est interdit d'effacer quoi que ce soit. Il est difficile de rivaliser avec des technologies d'avenir lorsqu'on est figé dans le passé.»