L'ENA, mère de tous maux de la France ?

Emmanuel Macron a indiqué vouloir fermer l'Ecole nationale d'administration (ENA), qui forme les haut-fonctionnaires français. C'est ce qui ressort du texte de l'allocution télévisée que le président devait prononcer lundi soir en guise de conclusion du grand débat national, mais qu'il avait dû annuler en raison de l'incendie de Notre-Dame de Paris. Les éditorialistes hexagonaux se montrent sceptiques.

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Le Figaro (FR) /

Gare aux raccourcis faciles !

Le Figaro voit dans cette décision une mesure à la petite semaine :

«Comme la plupart des grandes écoles, l'ENA a, c'est vrai, échoué dans l'une de ses missions essentielles : recruter, au mérite, des élèves de toutes les origines sociales. Mais est-elle comptable ou victime de la faillite de l'Education nationale ? Comment lui imputer la panne de cet 'ascenseur social' bloqué dès les petites classes ? Là encore, s'attaquer aux effets n'est pas supprimer les causes. Gare aux raccourcis trop faciles ! A juste titre, les Français ont montré du doigt le fonctionnement des élites et critiqué un certain exercice 'arrogant' du pouvoir. La suppression de l'ENA - dont il faudra bien nous dire par quoi elle serait remplacée - ne suffira pas à les réconcilier avec leurs dirigeants.»

Libération (FR) /

Haro sur l’Etat, vive le privé !

Dans le contexte actuel, cette initiative exaspère Laurent Joffrin, rédacteur en chef de Libération :

«Il fallait un bouc émissaire : pourquoi pas l'ENA ? Etrange paradoxe de la scène française. On prend une sanction symbolique contre les hauts-fonctionnaires, qui pourtant obéissent en tous points aux politiques, qui sont en général dévoués à l'intérêt public et qui sont, tout de même, rarement milliardaires. Dans le même temps, le bon peuple est convié à s'esbaudir de la générosité des vrais milliardaires, qui ouvrent leur cassette pour financer la reconstruction de Notre-Dame mais qui, semble-t-il, portent une responsabilité dans les inégalités dont se plaignent les gilets jaunes et une bonne partie des Français. Haro sur l'Etat, vive le privé ! Drôle de République.»