La France en passe d'être le leader de la mobilité électrique

Le président français, Emmanuel Macron, a annoncé mardi un plan de sauvetage de plus de huit milliards d'euros pour aider un secteur automobile en grande difficulté. Le but affiché est de préserver les centaines de milliers d'emplois du secteur et rendre l'automobile moins polluante. Des primes de conversion sont également prévues pour l'achat de véhicules électriques par les particuliers et les entreprises. Macron fait-il les bons choix ?

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Handelsblatt (DE) /

Une relance tout sauf solidaire

Macron exige que les constructeurs français implantent dans le pays la création de valeur, ce que critique le quotidien économique Handelsblatt :

«Macron allie deux objectifs en partie contradictoires : la souveraineté technologique européenne et le soutien à l'emploi dans l'industrie automobile française. Les premiers sous-traitants français, tels que Valeo, Faurecia ou encore Plastic Omnium, apportent une importante contribution pour que l'Europe reste à la pointe des technologies électrique et à hydrogène. Mais elles ne développent et ne produisent pas pour autant en France, au contraire : elles suivent géographiquement leurs clients, en premier lieu l'industrie automobile allemande. ... Cela revient presque à tourner en dérision les efforts fournis pour trouver une réponse commune à la crise sanitaire. ... On ne peut pas avoir à la fois une relance économique solidaire et un programme de subventionnement purement national.»

Mediapart (FR) /

Rétrograde

Mediapart critique l'initiative de Macron, qui ne prend pas la mesure de l'évolution des modes de transport :

«La voiture n'est plus un objet attrayant. De nombreux ménages, quand ils le peuvent – mais beaucoup ne le peuvent pas –, s'en détournent. … Tous les constructeurs cherchent leur secours dans les nouvelles technologies. Mais penser que substituer à une motorisation diesel ou essence un moteur électrique ou à hydrogène suffira à résoudre tous les problèmes, c'est continuer à fuir une réalité dérangeante. C'est l'usage même de la voiture qui est à reconsidérer dans son ensemble. Loin d'aider les constructeurs à aborder cette mutation, loin de l'inscrire dans une vision plus large des transports et, au-delà, de la mobilité des personnes, le gouvernement les incite, à coups de subventions et de crédits publics, à prolonger au contraire l'existant.»

Financial Times (GB) /

Pour une conversion paneuropéenne

Les aides financières constituent pour l'industrie automobile la possibilité de verdir leur activité, écrit Financial Times :

«Les dirigeants devraient se rappeler les enseignements des plans de sauvetage adoptés il y a dix ans, et profiter de leur influence pour modifier le secteur et les transports pour le mieux. Ils devraient investir non pas des des primes à l'achat, mais dans le développement d'un réseau de bornes de recharge nécessaire pour en finir enfin avec les hydrocarbures. Une initiative paneuropéenne de production de batteries électriques est un pas dans la bonne direction. Tout soutien financier aux constructeurs automobiles devrait être conditionnée à une démarche commune. Les différents gouvernements s'efforcent de remplir leurs objectifs climatiques. La crise actuelle leur offre une chance qu'ils auraient tort de laisser passer.»