Des soldats autrichiens dans le cadre d'une mission de l'EUFOR, en Bosnie-Herzégovine. (© picture alliance/AP Photo/Kemal Softica)

  Politique européenne de défense

  9 Débats

Lors de leur sommet à La Haye, les Etats de l'OTAN ont décidé de relever à 5 pour cent de leur PIB respectif leurs dépenses militaires à moyen terme. Un engagement qui résulte d'une exigence du président américain, Donald Trump, qui a en contrepartie réaffirmé la clause d'assistance définie par l'article 5 du traité de l'OTAN. La guerre en Ukraine a en revanche été peu abordée. Les avis divergent fortement quant à la valeur réelle de cette unité retrouvée.

Les chefs d'Etat et de gouvernement des pays de l'OTAN se réunissent ce mardi à La Haye, aux Pays-Bas. La principale décision qui devrait y être prise : l'engagement des membres de l'alliance à allouer 5 pour cent de leur PIB à la défense - 3,5 pour les armes et les soldats, 1,5 pour les infrastructures cruciales pour le secteur militaire. La presse européenne s'interroge sur les signaux que pourrait émettre ce sommet.

En raison de la menace latente qu'ils associent à la Russie, les ministres de la Défense des pays de l'OTAN ont arrêté jeudi de nouveaux objectifs en matière de capacités militaires. Si les détails restent inconnus, il n'est un secret pour personne qu'un important réarmement est à l'ordre du jour. Le ministre américain de la Défense, Pete Hegseth, a déclaré qu'un accord avec les Etats de l'OTAN était à porté de main : les dépenses de défense seront portée à cinq pour cent du PIB, ainsi que le réclame Washington, contre deux pour cent actuellement.

L'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) constate pour l'année 2024 une hausse de 9,4 pour cent des dépenses militaires. En Europe - Russie incluse - elles ont même augmenté de 17 pour cent par rapport à 2023, sous l'effet de la guerre en Ukraine, atteignant une somme totale de 693 milliards de dollars. Ce chiffre englobe les soldes des militaires, le coût des interventions et l'achat d'armes, mais aussi les investissements dans la recherche et le développement.

En matière d'armement, l'Espagne change son fusil d'épaule : courant 2025, le Premier ministre Pedro Sánchez entend relever de dix milliards d'euros le budget militaire du pays, portant ainsi à deux pour cent du PIB les dépenses allouées à la défense – conformément à la règle de l'OTAN. Il compte imposer le projet de réarmement sans le soutien de son partenaire de coalition de gauche et sans soumettre le projet au vote du Parlement. Le court-circuitage de l'Assemblée suscite les critiques des commentateurs.

Sur fond de relations troublées avec les Etats-Unis, l'UE cherche de nouveaux moyens de renforcer sa défense. Une possibilité passe par la Turquie, forte d'une armée et d'une industrie militaire considérables. Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, aurait déjà appelé les Etats de l'UE à intensifier leur coopération avec Erdoğan. Celui-ci, pour sa part, remet sur le tapis une adhésion à l'UE, qu'il qualifie de 'priorité stratégique'. Est-ce l'amorce d'un grand accord ?

Extension du bouclier nucléaire français à l'Europe, formation d'une "coalition des volontaires" menée par la France et la Grande-Bretagne, multiplication à Paris de sommets sur la situation internationale : le président français, Emmanuel Macron, par le biais de débats stimulants et d'initiatives diplomatiques, semble vouloir assumer un leadership en Europe. Les chroniqueurs se demandent quel peut en être l'impact sur le continent.

L'Europe débat à nouveau de la nécessité d'accroître ses dépenses de défense, face aux menaces russes et à la perspective de la fin du soutien américain. Pour relever le défi, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, envisage d'assouplir les règles budgétaires européennes. Le Danemark vient d'annoncer qu'il portera ses dépenses militaires à plus de trois pour cent du PIB. Des résolutions que saluent la plupart des commentateurs.

Le Premier ministre estonien, Kristen Michal, entend porter à cinq pour cent de son PIB les dépenses de défense de son pays, ainsi que le président américain Donald Trump le demande à tous les membres de l'OTAN. L'Estonie est déjà dans le peloton de tête, avec un budget prévisionnel de 3,7 pour cent du PIB à partir de 2026. Les commentateurs débattent de la pertinence de cet objectif et des moyens de l'atteindre.