Vaccins : la troisième dose peut-elle venir à bout d'Omicron ?

Au vu de la forte contagiosité du variant Omicron du coronavirus détecté en novembre, les experts pensent qu'il sera dominant en Europe très prochainement - et même dès cette semaine en Grande-Bretagne et au Danemark. Deux injections des vaccins disponibles n'offrant pas de protection suffisante, beaucoup de pays veulent rapidement lancer des campagnes de troisième rappel. La presse discute de l'initiative et de ses chances de réussite.

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Financial Times (GB) /

Utile mais insuffisant

Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, entend rendre disponible une troisième dose à tous les adultes présentant un schéma vaccinal complet. Financial Times a des doutes :

«C'est la bonne mesure à prendre ; mieux vaut agir avec fermeté contre une hausse des infections que d'être trop lent, car la passivité, comme le Royaume-Uni en a déjà fait l'expérience, peut provoquer des milliers de morts supplémentaires. Et pourtant, il faudra probablement encore maintenir les mesures de distanciation sociale. La réactivité du gouvernement continue d'être freinée par les remous politiques actuels. A n'en pas douter, la troisième dose demandera un effort immense à un système de santé déjà épuisé. ... Mais si le gouvernement se rapproche de son objectif de vaccination, le risque de surcharge des hôpitaux sera réduit.»

The Independent (GB) /

Trop tard et dans la précipitation

Une fois de plus, Johnson prend sa décision à midi moins une, s'insurge The Independent :

«Boris Johnson n'a pas laissé au NHS un délai bien large pour organiser sa nouvelle campagne de troisième dose. Pourquoi la sécurité sociale n'a-t-elle pas été mise au courant il y a des semaines déjà de ce que l'on attendait d'elle : la vaccination de tous les adultes de plus de 18 ans en Angleterre d'ici la fin du mois, soit un million de personnes par jour ? Le cas échéant, nous ne nous retrouverions pas avec une panne du site du NHS. ... Comme si souvent par le passé, le Premier ministre compte aujourd'hui sur le service de santé et sur l'armée pour le tirer de l'ornière. Comme à leur habitude, ils feront de leur mieux, car le service public est leur première préoccupation, contrairement au locataire de Downing Street.»

Visão (PT) /

L'importance des gestes barrières

La troisième dose n'est pas garante de l'immunité de groupe, écrit Visão :

«Le Portugal présente la troisième meilleure couverture vaccinale au monde, et plus de 70 pour cent des plus de 65 ans y ont déjà reçu leur troisième dose. Le pays montre que le vaccin n'est pas en mesure d'endiguer ou d'éradiquer l'infection au Covid et ses deux variants les plus dangereux. ... La seconde conclusion que l'on peut tirer, qui découle de la première, est encore plus dangereuse : les vaccinés, même ceux qui ont un schéma vaccinal complet, contractent le virus et deviennent un vecteur d'infection. C'est la preuve qu'il faut continuer, et dans certains cas même intensifier, les mesures de sécurité les plus élémentaires, comme le port du masque.»

Ilta-Sanomat (FI) /

Beaucoup de points d'interrogation

Ilta-Sanomat souhaite que tous ceux qui le désirent puissent recevoir une troisième dose :

«Actuellement, un clivage singulier traverse la Finlande. Il y a ceux qui rejettent le vaccin anti-Covid en bloc, qui ne veulent pas en entendre parler, même pas la première dose, et personne ne sait comment les faire changer d'avis. C'est en premier lieu à cause d'eux que le gouvernement pourrait se trouver dans l'obligation d'adopter des restrictions contraignantes pour tous. Puis il y a ceux qui veulent avoir la troisième dose de rappel le plus rapidement possible, mais à qui elle est refusée. Les recommandations ne sont pas claires, de même que le rythme de vaccination à privilégier pour les jeunes, qui ne fait pas consensus. Par ailleurs, la Finlande n'a actuellement pas suffisamment de vaccins en stock pour administrer la troisième dose à tout le monde. Mais cela peut-il justifier un retard dans la vaccination des populations ne présentant pas de risque particulier ?»

Hürriyet (TR) /

Les lacunes du vaccin chinois

En Turquie, le vaccin chinois CoronaVac a d'abord été administré début 2021 avant que le vaccin de Biontech ne soit disponible, des mois plus tard. Hürriyet déplore que trop peu de personnes fassent leur troisième rappel avec ce vaccin à ARN messager plus efficace :

«Les scientifiques sont unanimes pour dire que l'efficacité de la première et de la seconde injection s'estompe considérablement quand la troisième dose n'est pas administrée à temps, surtout s'agissant du vaccin inactivé de fabrication chinoise. ... De plus, les experts sont alarmés par une augmentation du nombre de décès dus au Covid-19 chez des femmes enceintes, qui présentent une couverture vaccinale très faible. Il est donc devenu indispensable de prioriser la vaccination des femmes enceintes et d'organiser de toute urgence des campagnes de vaccination ciblées.»