Budapest : duel politique autour de la marche des fiertés
A Budapest, l'heure de vérité sonnera samedi. Le gouvernement Orbán avait modifié la Constitution afin d'avoir une base juridique lui permettant d'invoquer la "protection de l'enfance" pour interdire les marches des fiertés. Mais le maire de la capitale, Gergely Karácsony, entend les choses d'une autre oreille. Il a requalifié le défilé de "fête de la liberté" de la ville, ne relevant à ce titre pas du droit de rassemblement. De nombreux participants sont attendus de l'étranger.
Un acte de résistance
Deux visions politiques du monde vont s'entrechoquer à Budapest, estime Népszava :
«Orbán a tenté de faire un geste qui plaise à l'extrême droite, pour gagner des voix. ... A la demande d'Orbán, la police interdit le défilé, tandis qu'en face, Karácsony ne lâche pas de lest. La participation à la manifestation est devenue le symbole d'une forme de désobéissance civile. Plusieurs eurodéputés se rendront à Budapest et un grand nombre de libéraux, de progressistes et de libre-penseurs ont décidé de se joindre au cortège.»
Pas du ressort de la municipalité
Le maire ferait mieux de s'occuper des affaires de la ville, vitupère Magyar Nemzet, média proche du gouvernement :
«L'administration municipale de Budapest n'est pas une fédération chargée de défendre les 'droits des homosexuels'. Ce n'est pas son rôle de réfléchir aux préférences sexuelles des uns et des autres. La mairie de Budapest n'a donc pas le droit de dérouler aux fenêtres ou de hisser aux mâts de bâtiments le drapeau du 'mouvement homosexuel' international, car elle n'a pas été mandatée par les habitants de Budapest pour le faire - sauf par les premiers intéressés. Autrement dit, que le maire remplisse le mandat qui est le sien : l'administration de la ville.»
Le gouvernement s'est fourvoyé
La cote d'Orbán va continuer de baisser, prédit Magyar Hang :
«Il est difficile pour le gouvernement de se tirer de ce pétrin. ... Car qu'est-ce qui va se produire samedi ? La marche aura-t-elle lieu sans aucune intervention ? La police va-t-elle disperser la manifestation ? Des dizaines de milliers de personnes vont-elles être verbalisées ? Quelle est la stratégie ? Quoi que fasse le gouvernement, cela se retournera contre lui. Sa base électorale est en chute libre. Et hormis le noyau dur de son électorat, il y a longtemps que plus personne ne le suit dans cette nouvelle querelle autour de la marche des fiertés. ... Le gouvernement va voir sa popularité baisser.»