Visite d'Etat de Macron à Londres : quel bilan ?
Lors de sa visite au Royaume-Uni, le président français, Emmanuel Macron, s'est entendu avec le Premier ministre britannique, Keir Starmer, sur un accord pilote pour renvoyer en France des migrants qui arrivent illégalement par la Manche. En contrepartie, d'autres migrants pourront se rendre au Royaume-Uni par la voie légale en en faisant la demande depuis la France. Les deux puissances nucléaires entendent également développer leur coopération militaire.
Une visite amicale
L'importance de la visite de Macron dépasse largement l'accord sur les réfugiés, juge The Times :
«Elle signifie également le retour à une diplomatie étroite avec la France à l'issue d'une période où les relations, mises à mal par le Brexit, avaient été un peu plus malmenées par le style politique désinvolte de Boris Johnson et les sorties aussi ambivalentes que maladroites de Liz Truss. ... Les deux nations plaident désormais pour une coopération militaire accrue, se montrant notamment disposés à coordonner le recours aux armes nucléaires. Une initiative louable : dans une ère imprévisible où les agressions russes s'intensifient, il est impératif que des pays partageant les mêmes valeurs resserrent les rangs.»
Un déséquilibre majeur
The Independent doute que l'accord sur l'échange de migrants, annoncé en grande pompe, permettra de réduire l'immigration dans la Manche :
«Cet accord soulève de nombreuses questions, notamment sur les modalités de son fonctionnement pratique, mais aussi sur sa capacité réelle de dissuasion. Premièrement, il s'agit tout au plus d'un projet pilote. ... Une partie espère résolument qu'il fonctionnera, et l'autre - la France - peut-être un peu moins, ce qui souligne sa fragilité. Deuxièmement, dans la même veine, on constate un déséquilibre majeur au niveau des intérêts politiques en jeu. Londres doit montrer qu'elle parvient à juguler le nombre d'embarcations traversant la Manche. ... Ce qui signifie, troisièmement, que ces bateaux sont essentiellement le problème du Royaume-Uni.»
La convergence prime
Malgré des désaccords occasionnels, la confiance et les point communs l'emportent, assure le quotidien Financial Times :
«Le Royaume-Uni et la France ont quasiment le même nombre d'habitants, un PIB du même ordre de grandeur et, dès lors, un revenu par habitant plus ou moins équivalent. Les deux pays ont une capitale surdimensionnée, où tout se concentre - le résultat d'Etats unifiés et centralisés depuis des siècles, plus longtemps que pour l'Allemagne ou l'Italie. Les deux nations ont aussi perdu un empire mondial à peu près au même moment. ... Mais le point commun le plus important, c'est que si la majeure partie de l'Europe d'après-guerre s'était convaincue que des choses archaïques, comme la force brute, étaient révolues, le Royaume-Uni et la France n'ont pas fait ce constat. Ils sont restés les seuls Etats dotés de l'arme nucléaire dans l'Europe démocratique.»