La motion de censure rejetée, von der Leyen confortée ?

La motion de censure lancée par l'extrême droite contre la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a échoué. Au Parlement européen, seuls 175 députés ont voté pour l'initiative, tandis que 360 l'ont rejetée. Pour que la motion soit acceptée, il fallait que plus des deux tiers des eurodéputés présents la soutiennent. Les chroniqueurs européens tirent des conclusions différentes de l'issue du vote.

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Večer (SI) /

Des reproches relativement anecdotiques

Les instigateurs de la motion de censure n'ont pas privilégié les sujets judicieux, estime Večer :

«On peut reprocher beaucoup de choses à Ursula von der Leyen : mauvaise gestion, détresse des agriculteurs, incapacité à négocier avec Trump, militarisme, soutien à Israël, démagogie en lien avec l'Ukraine. ... Mais les populistes ne sont pas allés chercher très loin. Pourquoi l'attaquer sur les contenus, quand on peut le faire sur sa gestion du Covid ? Celle-ci pose certes problème, notamment l'épisode du 'Pfizergate', et la présidente de la Commission devra s'expliquer. Mais si l'extrême droite veut vraiment la faire tomber, elle devra invoquer des motifs plus circonstanciés.»

Kurier (AT) /

La présidente en ressort renforcée

VDL s'est servie de cette motion de censure à son propre avantage, estime le quotidien Kurier :

«Le coup de théâtre a donc fait pschitt. La motion de censure contre Ursula von der Leyen a échoué et a du reste donné à la présidente de la Commission la possibilité de cimenter son pouvoir. C'est précisément à cela que l'Allemande a assidûment travaillé depuis sa réélection. Tout passe par elle à la Commission, mais au Parlement européen également, le PPE est aussi plus que jamais le parti qui, en sa qualité de premier groupe de l'hémicycle, mène la danse.»

Lidové noviny (CZ) /

Un avenir incertain

La situation reste délicate, estime Lidové noviny :

«Après ce vote, la politique future de la Commission européenne sera vraisemblablement très contradictoire, tirant à hue et à dia. Que ce soit sur le budget, la protection de l'environnement ou les efforts pour mettre fin aux émissions de gaz à effet de serre. La volonté de contenter tout le monde entraînera des transformations susceptibles de provoquer davantage de réticences. Dans le même temps, il n'est pas possible de placer le curseur dans une direction donnée, et de créer une grande majorité de droite ou de gauche au Parlement européen. Il faut composer avec le résultat des élections. L'avenir de la Commission reste donc incertain.»

taz, die tageszeitung (DE) /

Peu glorieux pour la démocratie

Pour taz, on ne peut vraiment pas dire que le pire a été évité :

«Le problème - à savoir Ursula von der Leyen - reste entier. La politique CDU qui dirige l'exécutif européen d'une main de fer, telle une monarque, n'a tenu aucune de ses promesses électorales, pour l'heure. Paix en Ukraine, croissance verte, accord commercial équitable avec Donald Trump ? Négatif. Mais au lieu d'en tirer enfin les conséquences et d'aller à la confrontation avec cette Commission poreuse avec l'extrême droite et qui échappe à tout contrôle, les partis situés à la gauche du centre se sont une fois de plus laissés embobiner. ... Le Parlement a laissé passer une belle opportunité de se faire respecter. L'épisode n'a pas été l'heure de gloire de la démocratie européenne, il a au contraire fourni une preuve supplémentaire de sa faiblesse.»

La Repubblica (IT) /

Le grand écart de Fratelli d'Italia

La Repubblica se penche notamment sur l'abstention du parti au pouvoir en Italie, membre du groupe CRE, dont émanait la motion de censure :

«Ursula von der Leyen se retrouve affaiblie, tout comme la majorité conservatrice-socialiste-libérale qui l'avait soutenue jusque-là. L'axe PPE-CRE essuie par ailleurs un cuisant revers, car CRE est divisé verticalement, et parce que Fratelli d'Italia, a préféré s'abstenir à la dernière minute, plutôt que de voter en faveur de la motion de censure, comme il l'avait annoncé. Au final, la motion a été rejetée, avec 360 non, 175 oui, et 18 abstentions. Mais elle aura fait des victimes dans l'hémicycle de Strasbourg.»