France : le Premier ministre de la dernière chance ?

En la personne de Sébastien Lecornu, c'est un collaborateur de longue date que le président français Emmanuel Macron a nommé au poste de Premier ministre. Jusqu'ici aux Armées, Lecornu succède à François Bayrou, qui a démissionné après avoir perdu le vote de confiance à l'Assemblée. Les commentateurs se penchent sur le climat dans le pays et appellent tous les responsables politiques à agir rapidement.

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L'Humanité (FR) /

Les inégalités sont devenus intolérables

Avec la nomination de Sébastien Lecornu, le président maintient le cap actuel, qui est désastreux pour la France, critique L'Humanité :

«Défait aux dernières élections législatives anticipées, Emmanuel Macron est le visage d'une oligarchie capitaliste qui n'a jamais hésité à renier la démocratie quand ses privilèges sont menacés. Il est le représentant d'une classe de cousus d'or réfractaires à tout partage des richesses et des pouvoirs. ... Une infime minorité capte une part croissante de la richesse nationale. C'est intenable. Ces inégalités abyssales, indécentes, la France, patrie de l'égalité, ne les tolère plus. Et sa colère est prête à déborder, quel que soit le nom du locataire de Matignon.»

Le Figaro (FR) /

Ecouter les revendications des laissés pour compte

Le nouveau chef du gouvernement doit trouver une réponse aux préoccupations de ses concitoyens, recommande Le Figaro :

«Bien qu'à la tête d'une minorité de gouvernement, Sébastien Lecornu doit se faire le porte-voix de la majorité oubliée, invisible, abandonnée. Pression fiscale et normative désespérante, dépenses délirantes, immigration incontrôlée, insécurité galopante… Les inquiétudes qui réunissent plus de deux Français sur trois sont connues. Depuis un an, dans un pénible carcan, Bruno Retailleau essaye d'y répondre. C'est cette ligne claire qu'il faut dessiner. Sous la pression de l'opinion, les députés suivront par surcroît. Le succès n'est pas garanti, mais l'autre choix, celui de la tambouille, mènerait à l'échec et au déshonneur.»

NRC Handelsblad (NL) /

Dépasser les clivages

L'heure est à la coopération politique, souligne NRC :

«S'ils souhaitent apaiser la situation, les députés doivent prendre la responsabilité de la pagaille actuelle et tenter de trouver des compromis. L'ancien Premier ministre Gabriel Attal a fait une proposition intéressante : nommer un éclaireur chargé d'élaborer un pacte de coalition avec plusieurs partis. Pour cela, il faudrait que les politiciens arrêtent d'être obnubilés par leur nombril, les prochaines élections ou les mouvements sociaux, et mettent l'avenir de la France au premier plan.»

The Guardian (GB) /

Du pain bénit pour l'extrême droite

Le choix de ce Premier ministre fait le lit du parti de Marine Le Pen, fait valoir The Guardian :

«La classe politique traditionnelle sera de nouveau confrontée à l'instabilité et la paralysie, ce qui ne manquera pas de souffler dans les voiles de l'extrême droite aux présidentielles de 2027. Si l'Elysée ne change pas fondamentalement de stratégie, on a du mal à voir comment le successeur de Bayrou pourrait mieux s'en sortir. ... Lors de son entrée en fonction, Macron s'était présenté en antidote à la montée de l'extrême droite. Mais le climat délétère et le désordre régnant dans la politique mainstream en France sont un cadeau inespéré pour Marine Le Pen. Il est tard pour le faire, mais Macron doit se résoudre à accepter les conséquences des élections anticipées de l'été dernier et forger un accord avec la gauche.»

De Telegraaf (NL) /

Les éternels insatisfaits

Pour De Telegraaf, les Français sont à l'origine du chaos régnant :

«C'est un problème de mentalité : beaucoup de salariés français ne s’aperçoivent pas (ou refusent de le faire) qu'ils sont très privilégiés et ils font la révolution dès que l'on touche ne serait-ce qu'à une once de leurs richesses ou de leurs prestations sociales. ... Les salariés des autres pays européens ont bien compris d'où venait l'expression 'vivre comme dieu en France' [qui signifie : vivre comme un coq en pâte]. Il incombe au nouveau Premier ministre Lecornu de recoller les morceaux de la politique et de remettre le gouvernement du pays sur les rails. Une tâche quasi impossible avec un peuple aussi pourri gâté.»