Accord à Gaza : vers la paix au Proche-Orient ?
Selon le président américain, Donald Trump, Israël et l'organisation terroriste du Hamas se sont entendus sur la mise en œuvre de la première phase d'un plan de paix. Celle-ci prévoit la libération de tous les otages israéliens et le retrait de Tsahal de Gaza. Le Hamas a confirmé être parvenu à cet accord. Les chroniqueurs évoquent les perspectives d'une paix durable au Proche-Orient et discutent du rôle joué par Trump.
Cette fois, la méthode Trump fonctionne
C'est son approche peu orthodoxe qui pourrait justement mener Trump au succès, se réjouit La Stampa :
«Il y a un seul facteur qui différencie ces séries de négociations au Proche-Orient de toutes celles engagées jusque-là : l'action de Donald Trump. Cela peut paraître paradoxal, mais l'imprévisibilité, l'impulsivité et la totale indifférence institutionnelle du président le plus anticonventionnel de l'histoire des Etats-Unis impulsent un véritable tournant, dans des négociations qui marquent une rupture avec le passé. Les mêmes éléments qui le rendent menaçant pour la stabilité du système démocratique américain s'avèrent déterminants dans les négociations de Charm el-Cheikh.»
Un Trump nobélisable ?
Si Trump réussit à établir une paix durable, il aura mérité tous les honneurs, fait valoir Helsingin Sanomat :
«Il révolutionne la manière dont on concevait les processus de paix. Pour lui, il s'agit d'un 'deal' comme un autre, avec gagnants, perdants, et avantages économiques à la clé. Il n'accorde aucun crédit à la voie diplomatique classique et aux processus de l'ONU. ... Trump vise les résultats rapides et spectaculaires. Même si ses méthodes ne rentrent absolument pas dans la conception traditionnelle du 'peace making', elles peuvent mettre fin à des conflits. Trump n'hésite pas à menacer, mettre ses alliés sur la sellette en invoquant une potentielle guerre commerciale. ... Mais si en son nom, la paix aboutit au Proche-Orient ou en Ukraine, alors il aura mérité le Nobel.»
Des questions non réglées
Davide Frattini, correspondant de Corriere della Sera à Jérusalem, rappelle que la question de la libération des détenus palestiniens reste en suspens :
«Les Palestiniens veulent obtenir la libération de Marwan Barghouti et d'Ahmad Saadat, deux des principaux leaders de la seconde intifada, qui ont été condamnés à plusieurs reprises à des peines de prison de longue durée ou à perpétuité. Barghouti est considéré par les Palestiniens comme le symbole de la résistance, et les diplomates internationaux, parmi lesquels des politiques israéliens, sont convaincus qu'il pourrait devenir le successeur du président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Mais surtout, ils demandent la libération des terroristes qui ont participé au massacre du 7 octobre, et la restitution des cadavres de Yahya Sinouar et de son frère Mohammed, qui avaient tous deux planifié ce massacre.»
Appliquer le 'principe de l'espérance' !
L'hebdomadaire WOZ, convoquant la philosophie d'Ernst Bloch pour commenter la situation au Proche-Orient, rappelle que l'être humain peut et doit surmonter les limitations inhérentes à la pensée :
«Sa conscience n'est dès lors pas uniquement le produit de l''être' (Sein), comme l'avait décrit Karl Marx, mais elle dispose d'un 'excès', qui peut trouver son expression en tant que 'non-encore-devenu' dans les utopies sociales, l'art ou les rêves éveillés. ... Au vu de la tragédie réelle au Proche-Orient, cette métaphysique peut paraître cynique. ... Mais le principe de l'espérance chez Bloch peut aussi être compris comme une imagination collective qui impacte la réalité d'un avenir proche. Aujourd'hui notamment, alors qu'il existe un plan visant à mettre fin au conflit, nous devrions, nous aussi en Europe, faire preuve d'une espérance solidaire.»
Vers une avancée au Proche-Orient
Dans ABC, Nicolás Redondo Terreros, ex-secrétaire général de la section du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) au Pays basque, se veut optimiste :
«On discerne dans la proposition de Trump une petite lueur d'espoir. ... La Russie n'a plus de poids depuis le changement de régime en Syrie. ... Les pays arabes commencent à donner plus d'importance à l'avenir qu'à la judéophobie. La précarité du régime iranien, après les bombardements ciblés des Etats-Unis et les coups funestes portés par Israël à des organisations terroristes comme le Hezbollah, est un motif d'espoir. Or tandis que la plupart d'entre nous attendent avec appréhension l'aboutissement incertain de l'initiative américaine, l'extrême gauche antisystème et certains aventuriers continuent de manifester, moins pour les droits de la bande de Gaza que pour réclamer la destruction d'Israël.»