Le Hamas menace-t-il l'accord sur Gaza ?

En dépit de la signature de la déclaration de paix à Gaza lundi, le Hamas a annoncé la poursuite du combat contre Israël. Selon les médias, l'organisation terroriste serait intervenue contre des groupes armées dans les rues de Gaza. Elle a également publié une vidéo montrant l'exécution de plusieurs individus qualifiés de "collaborateurs". Les chroniqueurs évoquent le rôle du Hamas.

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El Mundo (ES) /

L'unique autorité dans le vide de pouvoir actuel

Dans El Mundo, David Jiménez Torres, professeur d'histoire à l'Université complutense de Madrid, s'attend à une restructuration du Hamas :

«Le Hamas est bien plus qu'un simple groupe terroriste. Depuis qu'il a pris le contrôle de la bande de Gaza en 2007, l'utilisation de ce terme pour qualifier le Hamas semble davantage correspondre à une motivation morale – la condamnation de son recours à la violence – qu'à une tentative sérieuse de le décrire en tant qu'entité. Le Hamas est depuis 18 ans la principale autorité dans la bande de Gaza et contrôle tout : administration civile, tribunaux, police. ... Un groupe qui contrôle un territoire et sa société de manière aussi rigoureuse ne disparaît pas du jour au lendemain. Et même si les deux années de guerre ont décimé ses ressources, il est clair que le vide de pouvoir actuel favorise sa capacité à se réorganiser et même à se réinventer.»

Protagon.gr (GR) /

La division intrapalestinienne, le principal obstacle

Protagon déplore l'absence d'une personnalité palestinienne de premier plan qui fasse consensus :

«Après la guerre avec Israël, le Hamas se retrouve confronté à la défiance et à la colère, de nombreux Palestiniens le jugeant responsable. Le Fatah a perdu sa crédibilité en Cisjordanie et se voit accusé de corruption, d'inefficacité et de complaisance vis-à-vis d'Israël. Les deux partis sont résolus à préserver leur pouvoir, aussi fragile soit-il. La division intrapalestinienne reste le principal obstacle à la mise en œuvre d'une stratégie unitaire de libération nationale et de relance du processus de paix. Dans le même temps, la recherche d'une personnalité susceptible d'unir les Palestiniens reste un vœu pieux.»

Club Z (BG) /

Une rude épreuve

Avec l'assentiment de Washington, le Hamas doit temporairement assurer la sécurité dans la bande de Gaza. Cette décision n'est pas sans risques, met en garde Club Z :

«La répression violente exercée par le Hamas contre d'autres groupes qualifiés par lui-même de 'gangs criminels' pourrait provoquer des dégâts considérables. Les Palestiniens armés qu'il a combattus dimanche font partie de clans qui mènent une certaine résistance pour cherchent à s'imposer comme alternative possible au Hamas. ... La délégation temporaire accordée par Washington au Hamas pour contrôler la sécurité à Gaza mettra à rude épreuve ce mouvement épuisé par la guerre. Reste à savoir s'il est réellement en capacité d'assurer la sécurité à Gaza.»

Gazeta Wyborcza (PL) /

Retour vers le passé ?

Selon Gazeta Wyborcza, le Hamas est en train de faire son retour :

«Au cours des deux années de guerre, le Hamas a subi des pertes énormes. La plupart de ses dirigeants et des milliers de ses combattants ont péri. Mais il a toujours été en capacité de recruter de nouveaux membres, les personnes prêtes à se battre contre Tsahal n'ayant jamais fait défaut à Gaza. Les combattants du Hamas ne reviennent pas seulement pour contrôler les routes de l'enclave, mais aussi pour éviter que d'autres groupes ne s'emparent du pouvoir.»

Irish Independent (IE) /

Une solution à deux Etats indésirable

Israël et le Hamas ne semblent pas disposés à vouloir une paix durable, croit savoir le quotidien Irish Independent :

«D'après les estimations, le Hamas compterait encore 15 000 membres à Gaza. C'est un gros problème pour la mise en œuvre du plan de paix de Trump. ... Les Etats arabes ne déploieront pas de troupes de maintien de la paix si celles-ci se retrouvent confrontées aux miliciens du Hamas ; Israël et les Etats-Unis ne débloqueront pas de fonds pour la reconstruction si le Hamas, comme par le passé, les détourne à son profit. ... Nétanyahou, pour sa part, est fermement résolu à bloquer une solution à deux Etats. ... Tandis que la guerre faisait rage, le gouvernement de droite/extrême droite de Nétanyahou a tout fait pour consolider le contrôle israélien sur la Cisjordanie.»

La Stampa (IT) /

La milice islamiste est toujours là

Rien n'a changé à Gaza, fulmine le spécialiste du Proche-Orient, Domenico Quirico, dans La Stampa :

«Ils ont attendu 24 heures. ... Puis les talibans de Gaza – les milices du Hamas – ont repris leurs sinistres activités. ... Sous les vivats de la foule – rassemblée sous la contrainte ? –, ils ont appliqué le 'droit du djihad' le plus strict : des membres présumés de bandes rivales, les yeux bandés et mis à genou, ont été exécutés de rafales de mitraillettes dans le dos. ... Sortant des entrailles de Gaza, ils ont retrouvé la lumière et ramené leur barbarie. Avec les mêmes méthodes et le même arsenal de terreur. Le message est clair : ici, c'est toujours le Hamas qui commande.»