Accord avec le MERCOSUR : pourquoi le blocage ?

Après la France, l'Italie a elle aussi annoncé s'opposer à la signature ce samedi de l'accord avec le MERCOSUR, envisagé par la Commission européenne. Son adoption serait "prématurée", a affirmé mercredi la Première ministre, Giorgia Meloni. En dépit des clauses de protection prévues pour les produits agricoles, certains éditorialistes jugent, eux aussi, que des points problématiques restent à élucider.

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Corriere della Sera (IT) /

Protéger davantage les produits agricoles européens

Corriere della Sera observe une convergence entre l'Italie et la France :

«Il ne s'agit pas encore d'un axe Rome–Paris, mais on n'en est plus très loin. L'idée consistant à reporter à plus tard l'adoption de l'accord de libre-échange avec le MERCOSUR rapproche la stratégie et les objectifs du gouvernement italien de ceux du gouvernement français, quant aux décisions sur la Politique agricole commune (PAC) et le positionnement sur la scène internationale. … L'objectif est de garantir que les produits agricoles issus des pays d'Amérique du Sud correspondent aux mêmes normes qui prévalent en Europe, afin d'éviter une concurrence inique qui désavantagerait les agriculteurs européens.»

L'Opinion (FR) /

Paris se tire une balle dans le pied

La France refroidit ses partenaires, critique L'Opinion :

«Face à cette fronde catégorielle à rebours de l'intérêt général, la France n'a plus les moyens de penser une stratégie globale. Et s'isole sur la scène européenne. La tambouille nationale et la peur permanente de l'embrasement dictent désormais la politique de l'exécutif, aux abois. En se focalisant sur son seul volet agricole, Paris a fait du MERCOSUR un bouc émissaire bien commode pour masquer nos inconséquences. Comme si le repli plutôt que la diversification des échanges était la solution contre le nouvel impérialisme sino-américain ! Nos partenaires finiront par se détourner de ce théâtre d'autodestruction.»

La Croix (FR) /

Résister ensemble aux prédateurs

L'UE, qui est née à une époque où le libre-échange était en plein essor, doit composer avec les évolutions mondiales, fait valoir La Croix :

«[L]e contexte change. Les Etats-Unis de Donald Trump sont devenus protectionnistes, la Chine biaise en permanence et la géopolitique s'en mêle : la Russie, qui fournissait une énergie bon marché, est désormais sous sanctions. Il faudra que les chefs d'Etat et de gouvernement s'en souviennent, jeudi et vendredi à Bruxelles. Faut-il garder le cap du libre-échange en s'ouvrant à de nouveaux marchés, notamment en Amérique latine ? Sans doute, si on se dote de solides garde-fous. Mais pour résister aux grands prédateurs, la priorité est de rester unis.»