L'adoption de l'accord UE-MERCOSUR reporté en 2026
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, voulait au départ signer samedi, au Brésil, l'accord de libre-échange avec les pays du MERCOSUR. Mais une minorité de blocage s'est formée au Conseil européen de Bruxelles, sous l'égide de la France et de l'Italie, et entend examiner les objections du secteur agricole. La conclusion de cet accord, négocié depuis vingt-cinq ans, a donc été reportée au mois de janvier.
Où est le problème ?
Pour taz, l'opposition des agriculteurs est exagérée :
«L'UE est le plus grand exportateur mondial de produits agroalimentaires, affichant dans ce secteur un net excédent de la balance commerciale. Les Européens sont champions en matière d'exportation de fromage et de viande de porc. Certes, les salaires allemands sont par exemple plus élevés que ceux pratiqués au Brésil. Mais les agriculteurs européens reçoivent des subventions agricoles dont leurs homologues sud-américains ne peuvent que rêver : l'UE compense ses agriculteurs à hauteur de 55 milliards d'euros par an. En étant subventionné et en exportant à un tel niveau, on ne devrait pas se plaindre de voir arriver quelques importations supplémentaires en provenance du MERCOSUR.»
Un report aux conséquences funestes
Libération déplore que Macron fasse passer les revendications des agriculteurs français avant l'agenda européen :
«Entre le long terme et le court terme, Emmanuel Macron a choisi : il préfère sacrifier les enjeux géopolitiques pour tenter de préserver ses intérêts politiques en France, du moins ce qu'il en reste. … Ursula von der Leyen a annoncé jeudi le report [de la signature] à janvier. Macron a donc gagné un court répit. Mais la France ne cesse d'écorner son image et prend le risque de semer la zizanie au sein même de l'Europe. Ce qui constitue un magnifique cadeau de Noël à Vladimir Poutine et Donald Trump.»
L'UE doit se fixer des priorités
Ouest-France appelle à interdire les importations de produits ne respectant pas les normes de l'UE, tout en soulignant l'urgente nécessité de l'accord :
«Certains, en Europe, plaident pour que nous abaissions nos standards. Un alignement par le bas pour ne pas se faire déborder. Si nous ne pouvons plus imposer nos standards au reste du monde, au moins pourrions-nous essayer de nous faire respecter en tenant nos frontières. C'est là-dessus que les Européens devraient travailler en priorité. Pas sur la renégociation de clauses miroirs dont les pays du MERCOSUR ne veulent pas. Si on continue à les faire lanterner, ils finiront par nous tourner le dos pour faire affaire avec les Américains ou les Chinois. Qui n'attendent que ça.»