Donald Trump a révélé un secret aux Russes

Le président américain Donald Trump aurait divulgué des informations confidentielles classées ultra-sensibles au ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, lors de leur rencontre à la Maison-Blanche. Selon les médias américains, il s'agirait d'informations portant sur le groupe terroriste Daech, remises aux Etats-Unis par une agence de renseignement d'un pays allié. Comment ce secret a-t-il pu être révélé et quelles en seront les conséquences ?

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Le Temps (CH) /

Une trahison qui sape la confiance

Trump vient de causer beaucoup de tort aux relations entre Washington et ses alliés, commente Le Temps :

«En transmettant au ministre russe des affaires étrangères Serguei Lavrov des renseignements classés ultraconfidentiels, le président américain n’a peut-être pas violé la Constitution. Mais il a trahi un pays allié au Moyen-Orient (sans doute Israël) qui a fourni à l’administration américaine des informations très sensibles sur le groupe Etat islamique. Le milliardaire new-yorkais a saboté un principe fondamental du renseignement : la confiance. Des responsables américains conseillent déjà à leurs homologues israéliens de ne partager des informations avec l’administration Trump qu’avec circonspection. Dès lors, comment Angela Merkel ou Emmanuel Macron peuvent-ils se confier au président américain sans craindre de voir le contenu de leurs conversations partagé avec d’autres puissances, dont la Russie ? … L’affaire révèle l’invraisemblable chaos qui règne à la Maison-Blanche.»

Jutarnji list (HR) /

L'ambassadeur russe rit sous cape

La politique privilégiée par le président américain vis-à-vis de la Russie lui portera durablement atteinte, analyse le quotidien Jutarnji list :

«Donald Trump s'est une nouvelle fois brûlé les doigts. Il aurait pourtant dû être bien plus prudent, notamment parce qu'il avait déjà été régulièrement critiqué et accusé pour ses relations avec les Russes pendant la campagne électorale. ... L'ambassadeur russe aux Etats-Unis, Sergueï Kislyak, rit sous cape. Le diplomate de 66 ans, soupçonné d'avoir provoqué le faux-pas de Trump, est une légende dans la capitale américaine. Il entretiendrait d'excellentes relations avec le gendre de Trump et on estime qu'il serait à l'origine du limogeage du conseiller à la sécurité Michael Flynn. Il est surnommé le 'Hollandais volant', car certains politique américains ont déjà vu leur carrière brisée à l'issue d'une rencontre avec le personnage.»

Hospodářské noviny (CZ) /

Du rififi à la Maison-Blanche

La manière dont l'affaire a été révélée témoigne de ratés dans la machine gouvernementale américaine, commente Hospodářské noviny :

«Quelque chose cloche aux Etats-Unis : comment est-il possible que l'information relative aux fanfaronnades de Trump devant le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov ait pu être divulguée alors que seuls une poignée de russes et quelques représentants américains se trouvaient dans le Bureau ovale à ce moment précis ? The Washington Post n'a certainement pas créé cette histoire de toute pièce. L'un des Américains présents a sûrement dû contacter la rédaction du quotidien de façon anonyme. Cela en dit long sur le mécontentement de certaines personnes à la Maison-Blanche.»

Aamulehti (FI) /

Aux républicains d'intervenir

Il incombe aux républicains de mettre le holà à Trump, selon Aamulehti :

«Donald Trump ne dispose visiblement pas de la maturité nécessaire pour exercer sa fonction. Et seule une partie des Américains se montrent choqués par les récentes nouvelles et jugent inquiétante la remise d'informations confidentielles aux Russes. Il n'est pas surprenant que les démocrates et les médias libéraux de qualité se rangent dans ce camp. Le président conservateur n'a quasiment jamais à répondre de ses décisions. Mais les autres politiques de son parti devraient être en mesure d'assumer leurs responsabilités et de mettre fin à ce cirque avant qu'il ne soit trop tard.»

Digi 24 (RO) /

Trump n'a pas à avoir peur du Congrès

Même après ce nouveau scandale, Donald Trump n'a probablement rien à craindre, juge pour sa part la journaliste Laura Stefanut sur le site Digi 24 :

«Si le Congrès américain estime que les actions de Trump sont indignes d'un président, il peut le destituer. Mais si l'on regarde les procédures de destitution entreprises par le passé, on constate que le président menacé n'était jamais issu du parti majoritaire au Congrès. Or Trump a la majorité des républicains derrière lui. ... Concrètement, il a le soutien de Paul Ryan, président de la Chambre des représentants, et celui de Mitch McConnell, chef des républicains au Sénat. Et si l'on discerne un certain mécontentement dans leurs déclarations relatives à l'action de Trump, rien ne laisse supposer toutefois qu'ils seraient prêts à aller jusqu'à une procédure d'impeachment. Depuis la campagne électorale, il paraît clair que Ryan préfère se taire dans le but de protéger sa personne et le parti.»