Bras de fer autour de la nomination du Procureur général de l'UE

Le Parlement européen préconise la nomination de Laura Codruta Kövesi, l'ex-responsable du parquet roumaine anticorruption (DNA), à la tête du futur Bureau du procureur général européen. Les commissions parlementaires préfèrent sa candidature à celle du Français Jean-François Bohnert. Celui-ci est toutefois le favori des Etats de l'UE. Bucarest cherche notamment à empêcher la nomination de Kövesi. Qui parviendra à s'imposer ?

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Financial Times (GB) /

La candidate idéale

Financial Times appelle les dirigeants de l'UE à nommer Laura Codruta Kövesi à la tête du Bureau du procureur général européen :

«Il y a de nombreux arguments en faveur de Kövesi - notamment le fait que le gouvernement roumain, qui bafoue régulièrement les règles et les valeurs de l'UE en matière d'Etat de droit, s'oppose farouchement à sa nomination. Les deux autres candidats, le Français et l'Allemand, ont indéniablement le profil adéquat. Mais aucun des deux ne dispose de l'expérience de Kövesi, à savoir celle de mener en première ligne un combat parfois éprouvant et solitaire contre la corruption politique profondément enracinée dans son pays. ... Son infatigable travail lui vaut le respect des partenaires de la Roumanie.»

Kapital (BG) /

Lutte anticorruption vs. diplomatie

Kapital relaye un post Facebook de l'eurodéputé Svetoslav Malinov, du parti d'opposition conservateur Démocrates pour une Bulgarie forte (DSB) :

«Je suis convaincu qu'il n'y aura pas de happy end cette fois-ci pour ceux qui ont voté contre Kövesi. Au moment du vote, le Parlement européen confirmera la décision des commissions, j'en suis certain, et dans ce cas de figure, il faudra que le Conseil ou le Parlement cède. Le cas Kövesi montrera si les Etats membres sont prêts à élire une personne qui combattra sérieusement la corruption ou bien s'ils veulent un procureur plus modéré, plus diplomate et plus disposé au compromis, comme le candidat français. Je suis convaincu que la Roumaine sera choisie ; et il ne me surprend pas le moins du monde que le gouvernement bulgare ne la soutienne pas.»

G4Media.ro (RO) /

Bucarest se décrédibilise aux yeux de l'UE

La recommandation du Parlement européen est un soufflet pour le gouvernement social-libéral roumain, écrit le portail G4 Media :

«Le gouvernement roumain n'a pas hésité à se ridiculiser et n'a reculé devant aucune bêtise pour tenter de mettre des bâtons dans les roues de la candidate roumaine. Il fait subir au pays un moment de honte dans l'histoire d'un Etat qui traite ses propres citoyens comme des ennemis. Comment mieux saboter ses chances d'avoir davantage de poids sur le plan européen ? Cette attitude est du reste symptomatique de la coalition PSD-ALDE. Son unique but est la destruction de la justice et de l'Etat de droit.»

Gândul (RO) /

Une féé légendaire

Kövesi est quasi mythifiée par ses partisans en Roumanie et à l'étranger, relève Gândul :

«La moindre question désagréable, la moindre critique formulée à l'encontre de Kövesi est aussitôt écartée et considérée comme une attaque : elle ne saurait exister. Kövesi a été promue porteuse d'espoirs - ceci confine à l'idéalisation. ... Si tel est le cas, ce n'est pas seulement parce que [la coalition social-libérale] PSD-ALDE gouverne de façon rustre et bornée, mais aussi parce que les gens n'ont pas accès à l'information. Or là où il y a carence d'informations, politiques et hauts fonctionnaires sont érigés en symboles - anges ou démons - tandis que leur action est évoquée tel un conte peuplé de fées et de dragons. Ceux qui ignorent le fonctionnement des institutions européennes croient que le Parquet européen sera une sorte de super-DNA, qui viendra sauver la Roumanie du PSD.»