Les magistrats muselés en Pologne ?

En dépit des vives critiques de l'opposition et de l'UE, le président polonais Andrzej Duda a signé la semaine dernière une loi permettant de sanctionner les magistrats. Ceux-ci s'exposent à des amendes, à des déclassements voire à des licenciements s'ils remettent en question les différentes réformes de la justice entreprises depuis 2016 par le gouvernement PiS. Le conflit entre Bruxelles et Varsovie ne fait que s'aggraver, jugent les journalistes.

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Financial Times (GB) /

Sevrer Varsovie des fonds européens

Si le gouvernement polonais refuse de faire machine arrière, il faudra que Bruxelles soit intransigeante, fait valoir Financial Times :

«L'UE devra éviter cette fois-ci de promettre à la Pologne le 'nouveau départ' conciliant dont il est question depuis l'entrée en fonction de la nouvelle Commission à la fin de l'année dernière. Bruxelles doit continuer à solliciter la CJUE afin d'empêcher le PiS de mettre au pas le pouvoir judiciaire du pays. Il est primordial que les Etats membres conditionnent à l'avenir l'octroi des fonds structurels, une manne très lucrative, au respect de l'Etat de droit. L'adhésion au club européen implique, en toute logique, des engagements. Les Etats membres ne peuvent vampiriser les avantages que procure l'adhésion à l'UE sans en respecter les règles.»

Gazeta Wyborcza (PL) /

Des munitions pour la campagne

Il y a un calcul derrière la réforme de la justice, affirme l'éditorialiste Rafał Zakrzewski dans Gazeta Wyborcza :

«Il y a une volonté stratégique d'exploiter la grogne de certains citoyens vis-à-vis des tribunaux et d'attiser ainsi la haine contre une 'caste professionnelle' qualifiée d'élitiste, fortunée et paresseuse. Ceci devrait être le moteur de la campagne d'Andrzej Duda [pour les présidentielles]. ... Les stratèges de la campagne du PiS ont sûrement compris, au vu des sondages, que les attaques portées contre les magistrats avaient des retombées positives. ... Je crois que la guerre avec les juges, en dépit des résistances, restera le moteur principal de la campagne de Duda. Le président en exercice et son équipe ont investi bien trop d'énergie et d'émotions dans cette 'croisade' pour y renoncer.»