La politique sanitaire suédoise s'est-elle fourvoyée ?

Depuis le début de la crise du coronavirus, la politique permissive de la Suède attire l'attention. Le nombre de victimes inhabituellement élevé a récemment suscité les critiques. L'influent virologue suédois Anders Tegnell a déclaré mercredi qu'il allait devoir partiellement réviser la stratégie de son pays. Les Suédois ont-ils été trop naïfs en adhérant docilement aux recommandations officielles ?

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Dagens Nyheter (SE) /

Le gouvernment doit répondre de ses erreurs

Dagens Nyheter appelle le gouvernement à suivre l'exemple de Tegnell et à reconnaître un certain nombre d'erreurs :

«Il n'est pas trop tard pour redresser la barre. La distanciation sociale à laquelle se résume la stratégie de la Suède n'est pas le seul moyen que l'on peut mettre en œuvre pour accélérer ou freiner la propagation. Des technologies modernes - tests de dépistage généralisés, détection numérique des infections et confinement des personnes infectées - sont autant de leviers qui permettent de contenir le taux d'infection. ... Il est temps de reconnaître que le gouvernement doit assumer sa responsabilité. Et que [le Premier ministre Stefan] Löfven et [la ministre de la Santé Lena] Hallengren nous doivent des réponses.»

Berliner Zeitung (DE) /

Soyez plus méfiants !

La confiance inébranlable des Suédois dans leur démocratie se retourne désormais contre eux, estime Berliner Zeitung :

«En dehors des périodes de crise, cette confiance permet à l'Etat de veiller plus facilement au bien-être de sa population. Pendant la pandémie en revanche, cette inclinaison ouvre la voie à un système d'irresponsabilité organisée. Le gouvernement minoritaire socialiste-écologiste délègue ses décisions aux experts de l'autorité de santé. ... L'autorité de santé s'appuie à son tour sur un choix d'études scientifiques, et relativise celles qui ne confirment pas les hypothèses de sa petite équipe de direction. Résultat : un des Etats sociaux les plus riches au monde protège de la pandémie les membres les plus faibles de sa société moins bien que certains pays en développement. Et la population s'en accommode, pour ne pas troubler l'ordre établi. Pour la prochaine crise, on souhaiterait aux Suédois davantage de méfiance.»