Pourquoi les violences policières ?

La mort de George Floyd à Minneapolis a soulevé un débat sur les violences policières en Europe. Les commentateurs se penchent sur les causes du phénomène.

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Der Freitag (DE) /

La droite surreprésentée dans la police

Jakob Augstein, éditeur de l'hebdomadaire Der Freitag, réfute la thèse selon laquelle la police serait un reflet de la société :

«Les personnes de sensibilité de gauche ou écologiste entrent rarement dans la police, c'est aussi simple que cela. On y trouve en quasi-exclusivité des sociaux-démocrates aux idées conservatrices, des conservateurs et, de plus en plus, des partisans de l'extrême droite. Tout ce que l'on puisse affirmer, c'est que plus les idées racistes et d'extrême droite se propageront dans la société, plus le problème prendra des proportions alarmantes dans les rangs de la police, et plus celle-ci sera appelée à rectifier le tir.»

RTV Slovenija (SI) /

Des interpellations brutales comme divertissement du soir

RTV Slovenija évoque l'omniprésence des violences policières sous la forme de séries de téléréalité :

«Ces émissions, qui donnent à voir de véritables policiers, équipés de caméras, et de vrais criminels, sont agrémentées de commentaires dramatiques. La tension et le suspense y sont des éléments clés, probablement entretenus par un producteur et un réalisateur. Ils atteignent des niveaux d'audience record et leur vocation première est le divertissement. Tombe alors des nues la vidéo d'un meurtre qui ressemble à s'y méprendre aux scènes habituelles de ces vidéos. ... Autrement dit, avant d'être requalifiée de meurtre de George Floyd, ce genre d'intervention était un divertissement disponible à gogo - du moins sur certaines chaînes.»

taz, die tageszeitung (DE) /

Les forces de l'ordre ne sortent pas du lot

taz a publié des vidéos et des photos de violences policières commises en marge d'une manifestation samedi dernier. Des preuves selon le journal qu'en Allemagne aussi, les gardiens de la paix font usage d'une brutalité disproportionnée :

«On note que ce type d'incidents, de même que les contrôles d'identité, affectent en priorité des personnes noires. Faut-il s'en étonner ? Quand une part non négligeable de la population allemande nourrit un ressentiment raciste, comment la police pourrait-elle faire exception à la règle ? ... Les tentatives de certains politiques et syndicalistes d'exonérer en bloc la police en tant que corporation est une insulte aux victimes, mais aussi un déni de réalité. Il serait cependant tout aussi erroné d'affirmer que la police allemande dans son ensemble est gangrenée par le racisme.»

Politis (FR) /

La police n'est que le prolongement du pouvoir politique

En 2016, Adama Traoré était mort des suites d'une interpellation policière violente, dans des circonstances comparables à celles de George Floyd. Politis aborde une des raisons principales du profilage racial dans les contrôles de police :

«L'action de la police est trop étroitement liée à la politique du gouvernement. Le scandale des contrôles au faciès est la conséquence inavouable mais bien réelle des discriminations sociales et d'une politique de la ville désastreuse. C'est la traduction sur le terrain, j'oserais dire la traduction policière, d'une politique qui ne se décide pas dans les commissariats. ... La police fait à peu près ce qu'on lui demande de faire. Certes, on ne lui demande pas d'être raciste – d'ailleurs la majorité des policiers, probablement, ne le sont pas – mais on la met en situation, si j'ose dire, de l'être.»