Le pape François demande pardon au Mexique
Les excuses présentées par le pape au Mexique, à l'occasion du 200e anniversaire de l'indépendance du pays, pour les péchés commis pendant la conquête de l'Amérique latine ont fait un tollé en Espagne. La droite espagnole, mais surtout la maire PP de Madrid Isabel Díaz Ayuso, y voit un affront fait à l'ancienne puissance coloniale. Les commentaires sont révélateurs de perceptions bien différentes dans l'ancien et dans le nouveau monde.
Le pape outrepasse ses prérogatives
El Mundo reproche au souverain pontife d'amoindrir les mérites historiques de l'Espagne :
«Bergoglio demande pardon pour les 'péchés sociaux', mais la responsabilité morale incombe à l'individu dans ses actions présentes : personne ne peut assumer la culpabilité collective pour des épisodes cruels du passé. Le pape est en droit de demander pardon pour les abus sexuels perpétrés par le fondateur mexicain des Légionnaires du Christ. Mais il est regrettable qu'un pape hispanophone, qui doute que l'Espagne ait retrouvé la paix avec elle-même, participe au discrédit des hommes qui ont apporté la foi et la langue en Amérique latine, ainsi que la lumière - bien qu'aujourd'hui vacillante - de la raison.»
Une droite espagnole toujours aussi raciste
L'auteure Gabriela Wiener exprime son indignation dans eldiario.es :
«La droite espagnole, non seulement Ayuso, qualifie d''indigénisme' les luttes des peuples indigènes pour leurs droits, tant craintes par la droite et ses alliés. Ce terme est plein d'aversion et de racisme. ... C'est cette droite anti-indigène, raciste et opposée à tout travail sur la mémoire qui célèbre tous les ans comme fête nationale espagnole le 12 octobre [la journée de l'arrivée de Christophe Colombe en Amérique], sourde aux objections des anciennes colonies, qui ressentent ces cérémonies comme un affront. C'est comme si l'Etat allemand célébrait le début de la Shoah comme une fête nationale.»