Le gouvernement britannique entend extrader Assange

Dans un bras de fer juridique qui dure depuis des années, la ministre britannique de l'Intérieur Priti Patel a signé la semaine passée un avis d'extradition vers les Etats-Unis du fondateur de Wikileaks Julian Assange. Le lanceur d'alerte dispose d'un délai de 14 jours pour faire appel de la décision. Les commentateurs rappellent l'enjeu central de ce procès : la liberté de la presse.

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tagesschau.de (DE) /

La liberté de la presse ne pèse pas lourd

tagesschau.de pointe une décision erronée :

«Quand il est question d'Assange, on se demande toujours si l'enjeu est de faire taire un journaliste qui a révélé au grand jour des abus. La ministre de l'Intérieur Priti Patel aurait donc dû empêcher l'extradition. Elle ne l'a pas fait. Pourquoi ? On en est réduit aux conjectures. Peut-être pour ne pas compromettre les relations de son pays avec les Etats-Unis. Mais il est une tendance que l'on observe déjà depuis longtemps : ce gouvernement qui s'est signalé par de fréquentes attaques en règle contre la BBC et les libertés qu'il prend avec la véritén'accorde pas grande importance à la liberté de la presse.»

The Guardian (GB) /

Il a déjà assez souffert

C'est un jour noir pour tous ceux qui chérissent le journalisme et la démocratie, écrit The Guardian :

«Cette décision pourrait ouvrir la voie à l'extradition vers les Etats-Unis de journalistes qui révèlent des informations classées secret défense par Washington. ... Assange a déjà assez souffert. En 2019, cela faisait sept ans que la police guettait sa sortie de l'ambassade d'Equateur. Il a ensuite passé trois ans derrière les barreaux de la prison de haute sécurité de Belmarsh, sans condamnation pour un quelconque crime. Assange aurait dû être libéré contre paiement d'une caution pour pouvoir vivre auprès de son épouse et de ses deux jeunes enfants. Les autorités auraient pu lui imposer le port d'un bracelet électronique pour surveiller ses allées et venues.»

Naftemporiki (GR) /

Assange n'a pas dit son dernier mot

Naftemporiki critique le peu de cas que le monde occidental fait de la liberté de la presse :

«La liberté de la presse, que voulez-vous... Quand des régimes autoritaires font fermer des médias et écrouent les journalistes, les claviers chauffent. ... Mais quand la liberté d'expression, comme dans le cas du fondateur de Wikileaks Julian Assange, expose nos propres manquements, rien n'arrête ceux qui le pourchassent, aucune protection et aucun droit d'asile. ... En cas d'extradition aux Etats-Unis, il encourt une peine de prison de 175 ans. La décision de Priti Patel ne scelle pas la fin du conflit juridique que Julian Assange mène depuis plus de dix ans. L'Australien a un délai de 14 jours pour faire appel de la décision.»