Finlande : une loi controversée pour contrôler la frontière

Le gouvernement finlandais a présenté mardi un projet de 'loi d'exception' qui prévoit de refouler les migrants dès que ceux-ci tentent de franchir la frontière. Ces derniers mois déjà, la Finlande avait fermé la majeure partie de ses postes-frontières, après que la Russie a laissé passer de son côté de la frontière plusieurs centaines de migrants originaires du Proche-Orient et d'Afrique sans titres de séjour valables. La presse du pays évoque un conflit entre Etat de droit et considérations sécuritaires.

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Helsingin Sanomat (FI) /

L'Etat de droit est perdant

Le projet de loi viole les règles internationales, critique Helsingin Sanomat :

«Le gouvernement tente de désamorcer une contradiction évidente, en limitant la durée d'application de la loi d'exception à une année, et les mesures éventuelles que celle-ci prévoit à un mois, dans la mesure où certaines conditions sont réunies. ... La crainte du gouvernement est compréhensible, car la pression que la Russie exerce à la frontière orientale de la Finlande par le truchement des migrants pourrait avoir des répercussions néfastes sur la sécurité et l'ordre public dans le pays. ... Il y a un conflit patent entre la sécurité nationale et l'Etat de droit. Le gouvernement a choisi de privilégier la première.»

Iltalehti (FI) /

Il en va de la sécurité nationale

Iltalehti espère qu'il sera possible de trouver une majorité pour faire passer la loi d'exception :

«Ce projet de loi n'est pas sans poser de problèmes, comme cela a été le cas lors des précédentes décisions visant à fermer la frontière orientale aux demandeurs d'asile. Il ne faut toutefois pas oublier pourquoi une telle 'loi pushback' doit être adoptée. Celle-ci vise exclusivement à contrer les mesures de la Russie. Aussi la loi ne serait-elle mise en œuvre qu'en cas de regain de l''immigration organisée'. Ce projet de loi ne cherche pas à régir l'ensemble de la politique d'asile finlandaise, mais à assurer la sécurité nationale du pays. Il serait donc souhaitable qu'il puisse bénéficier d'une majorité suffisante au Parlement. Son rejet enverrait un mauvais signal vis-à-vis de la Russie.»