Fico à Moscou : une présence funeste
Le Premier ministre slovaque, Robert Fico, est l'unique dirigeant de l'UE à avoir participé aux commémorations de la victoire sur l'Allemagne nazie, le 9 mai à Moscou. Un déplacement qui lui vaut les réprobations de la presse.
Un faux-pas
Denník Postoj écrit :
«La participation de Fico aux commémorations organisées par Poutine à Moscou est l'événement qui a causé le plus de tort à la Slovaquie au plan international depuis la fin de l'ère Mečiar, en 1998. Si lors de sa visite au Kremlin à l'occasion du Nouvel An, Fico avait pu au moins donner l'impression qu'il cherchait réellement à résoudre un problème gazier, ce fut cette fois-ci un simple témoignage de sympathie au régime russe. Le Premier ministre slovaque a délibérément choisi de s'associer à l'entreprise de Poutine, qui a instrumentalisé l'anniversaire de la victoire sur le nazisme pour justifier les visées impérialistes russes. Un faux-pas funeste, aux yeux de nos alliés.»
Le sinistre souvenir de Mečiar
Český rozhlas fait le commentaire suivant :
«Fico s'évertue par son action à creuser toujours plus le fossé entre l'UE et la Slovaquie. Il pourrait par la suite se servir de ce fossé comme prétexte pour chercher des alliés ailleurs – en Russie, en Asie centrale ou en Chine. C'est déjà ce qu'avait fait l'un de ses prédécesseurs, Vladimír Mečiar, qui affirmait : 'Si vous ne voulez pas de nous en Occident, nous nous tournerons vers l'Est'. Le résultat avait été un isolement inédit de la Slovaquie, qui avait disparu pendant quelques années de la carte d'Europe – plus aucun chef d'Etat ne s'y rendait. ... Et lorsqu'on commence à vous ignorer, c'est souvent bien plus grave que si l'on vous critiquait constamment.»
Un rétropédalage sans effet
Ce déplacement a aussi été un coup d'épée dans l'eau pour Fico, juge Új Szó :
«Il espérait que sa détermination serait rétribuée par de nouvelles adhésions à son parti, le SMER. Au final, il a même quelque peu rétropédalé, car il n'a pas assisté au défilé militaire – il s'est seulement rendu [avec Poutine et d'autres dirigeants] sur la tombe du soldat inconnu, sous les murs du Kremlin. Cette annulation avait manifestement pour but de répondre aux protestations en Slovaquie et aux réprobations de Bruxelles. Mais cela n'a pas vraiment calmé le jeu dans son pays. ... De toute façon, Poutine n'a eu que faire de ce changement de programme. Ce qui lui importait, c'était la seule présence du Premier ministre slovaque à Moscou, qui a permis à sa machine propagandiste d'affirmer haut et fort que l'UE n'est pas parvenu à l'isoler.»