Immigration : le Royaume-Uni veut serrer la vis
Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a annoncé un tournant dans sa politique migratoire. Il a déclaré vouloir clore le "chapitre sordide" de la hausse de l'immigration. Des règles plus strictes devraient compliquer l'obtention d'un visa de travail et de la nationalité britannique. Un changement de politique qui soulève des interrogations fondamentales chez les commentateurs.
Comment plomber la cote de son pays
Conseiller financier basé à Londres, Andreï Movtchan est vent debout contre le projet :
«Beaucoup de candidats à l'immigration qui seraient précieux pour l'économie britannique et que la législation en vigueur jusqu'ici faisait attendre cinq ans avant de leur accorder un permis de séjour permanent jetteront leur dévolu sur des pays où la procédure est soit de difficulté comparable, soit plus rapide et plus simple, mais où le marché du travail offre de meilleures opportunités et où les obstacles, le coût de la vie et la fiscalité sont moindres. ... De manière générale, le critère principal de la politique inhumaine du gouvernement actuel (héritée des Tories) est la conséquence de mauvaises méthodes pour répondre aux mauvaises questions, détruisant au passage ce que les gouvernements précédents n'avaient pas encore mis en pièces.»
Rester fidèle aux principes de gauche
Sur le portail eldiario.es, l'ex-ministre à la Protection des consommateurs, Alberto Garzón, juge que la mesure du Labour ne fera que renforcer l'extrême droite :
«Il y a de nombreux précédents. En Allemagne, où le SPD et les Verts ont durci leur position sur l'immigration pour freiner l'essor de l'AfD, cela n'a fait que booster l'extrême droite. ... Le contexte culturel est connu. ... Une partie de la société a peur de l'avenir. ... Que peut faire la gauche ? ... Ces réformes des travaillistes coïncident avec des réformes hostiles aux retraites et avec d'autres coupes entreprises par le gouvernement Starmer – on peut donc en conclure qu'il n'y a plus rien de progressiste dans cet exécutif. ... La gauche ne vaincra pas la bête en imitant son programme. Si elle veut s'ouvrir des perspectives, elle doit rester fidèle à ses principes et combattre les puissants plutôt que les pauvres.»
Un simple réflexe ?
Le revirement du Labour met le doigt sur une question fondamentale qui donne aussi du fil à retordre aux sociaux-démocrates suédois, pointe Göteborgs-Posten :
«Quel crédit accorder à cette politique migratoire ? En Suède, c'est principalement après les élections de 2022 que les sociaux-démocrates ont haussé le ton sur la question de l'immigration et durci leur politique. Après avoir joué pendant des années la carte de la diversité et de la tolérance, le parti avait présenté des propositions de durcissement de la réglementation du droit d'asile et de restriction de l'immigration. ... Mais les électeurs peuvent-ils être certains qu'il s'agit d'un véritable changement de cap ? Ou n'est-ce qu'une réaction à l'influence croissante des Démocrates de Suède (SD) et aux fluctuations de l'opinion ?»
L'importance du background
Ceux qui dénoncent la politique de restriction de l'immigration de Starmer n'ont souvent pas conscience des besoins des personnes âgées, met en garde le chroniqueur Patrick West dans The Spectator :
«Il est vrai que nous avons besoin d'hommes et de femmes pour travailler dans les EHPAD. Mais les résidents de ces établissements préféreraient probablement être entourés de soignants qui leur ressemblent, qui comprennent spontanément ce qu'ils disent et pourquoi ils s'expriment de manière idiomatique, familière ou désuète, et qui saisissent les références culturelles et historiques dans leurs propos. Ce besoin intemporel et universel propre à l'homme de vivre dans la communauté qui est la sienne et le rôle essentiel d'une culture et d'une langue communes sont des valeurs qui ne se comptent pas ni ne se mesurent. La droite comme la gauche manquent à voir que les priorités des gens sont souvent invisibles et immatérielles.»