Que prévoit le programme de réarmement de l'OTAN ?

En raison de la menace latente qu'ils associent à la Russie, les ministres de la Défense des pays de l'OTAN ont arrêté jeudi de nouveaux objectifs en matière de capacités militaires. Si les détails restent inconnus, il n'est un secret pour personne qu'un important réarmement est à l'ordre du jour. Le ministre américain de la Défense, Pete Hegseth, a déclaré qu'un accord avec les Etats de l'OTAN était à porté de main : les dépenses de défense seront portée à cinq pour cent du PIB, ainsi que le réclame Washington, contre deux pour cent actuellement.

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Avvenire (IT) /

La générosité soudaine des 'frugaux'

Lorsqu'il s'agit d'acquérir des armes, les règles budgétaires s'assouplissent comme par magie, constate Avvenire :

«Face à la nécessité de défendre l'Europe et à la volonté d'acheter davantage d'armes, les ex-frugaux ne regardent plus à la dépense. Mette Frederiksen, qui est encore la Première ministre du Danemark, l'a dit ouvertement mardi : 'Nous avons joué par le passé un rôle de premier plan dans le groupe des quatre frugaux, et nous jouerons désormais un rôle similaire dans un autre groupe, car les temps ont changé'. ... Les armes donc, avant toute chose. Une considération assurément partagée par les anciens compagnons de route de l'austérité. L'un d'entre eux, le Néerlandais Mark Rutte, est désormais chef de l'OTAN, et il ne manque jamais une occasion de demander aux gouvernements des Etats membres d'allouer davantage de fonds au renforcement militaire. Un autre, le Suédois Stefan Löfven, aujourd'hui président du PSE, est un soutien convaincu du plan de réarmement.»

Rzeczpospolita (PL) /

Pas au détriment de l'Ukraine

L'aide à l'Ukraine fait partie intégrante de la stratégie de défense de l'OTAN, souligne Rzeczpospolita :

«Ces dépenses sont étroitement liées aux nouveaux projets forgés dans l'urgence. Un scénario élaboré avec grand soin définit les modalités de la défense contre la Russie et le partage des tâches. Mais le soutien à l'Ukraine à proprement parler sera un élément central de ces efforts. Rutte a souligné que la hausse des dépenses pour la défense ne se ferait pas au détriment du soutien occidental à Kyiv. Il s'agit de deux canaux distincts. Et le canal ukrainien devra encore être alimenté pendant des années - aussi longtemps que durera la menace du Kremlin.»

Jyllands-Posten (DK) /

Il ne suffit pas d'augmenter bêtement les stocks d'armes

La stratégie future doit s'appuyer sur les conclusions tirées de la guerre en Ukraine jusqu'ici, préconise Jyllands-Posten :

«Un autre aspect est important : ne pas aller trop vite en besogne. Il faut faire preuve de circonspection dans la gestion des immenses dépenses publiques prévues, mais aussi pour s'assurer que les dispositions soient en adéquation avec les menaces d'aujourd'hui, et non avec celles d'hier. C'est ici que les expériences de l'Ukraine entrent en ligne de compte. Par son soutien méritoire aux Ukrainiens, le Danemark a une meilleure vision des réalités sur le terrain que la plupart des autres pays. Nous avons aidé les Ukrainiens - leur exemple peut à son tour nous aider à formuler une politique de défense qui ne soit pas figée dans les logiques du siècle dernier.»

Corriere della Sera (IT) /

Préparer le désengagement américain

Washington a atteint un objectif important, souligne Corriere della Sera :

«On est tombé d'accord sur un objectif pour les dépenses militaires. Cinq pour cent du PIB. ... C'est le premier résultat concret de l'administration Trump au chapitre des relations avec l'Europe. ... Les Etats-Unis pourraient désormais se retirer progressivement de l'Europe sans que cela ne provoque de rupture traumatique. Le sujet dominera le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement des pays membres de l'OTAN, les 24 et 25 juin prochains à La Haye. Dans les mois à venir, le camp européen sera appelé à multiplier ses efforts pour combler, en temps voulu, le vide que laisseront les Etats-Unis derrière eux.»

The Guardian (GB) /

Et tant pis pour le climat...

Le réarmement mondial compromet les objectifs climatiques, fait valoir The Guardian :

«A lui seul, le réarmement prévu par l'OTAN pourrait augmenter les émissions de gaz à effet de serre de presque 200 millions de tonnes par an. ... Les critiques rappellent que chaque dollar investi dans de nouveaux armements ont non seulement une empreinte carbone, mais aussi un impact sur les potentielles mesures pour la protection du climat, auxquelles on renonce au profit de l'armement. De plus, une hausse des dépenses militaires réduit les ressources à disposition pour atténuer les effets du changement climatique. Il semblerait que ce soit déjà le cas au Royaume-Uni, où une hausse des dépenses militaires est financée par des coupes dans le budget de l'aide au développement. Même tendance en Belgique, en France et au Pays-Bas.»