Le chancelier allemand à Washington : quel bilan ?

Le chancelier allemand, Friedrich Merz, était en visite à la Maison-Blanche ce jeudi. La rencontre était attendue avec une certaine anxiété, surtout après les rudoiements réservés par le président américain à ses homologues ukrainien et sud-africain. Mais Trump a ménagé son invité allemand : pas de scandales, l'ambiance est restée amicale et les sujets délicats ont été évités.

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Der Spiegel (DE) /

Merz s'en est tiré le mieux possible

Der Spiegel estime que le chancelier s'était bien préparé :

«Les rares phrases que Merz a pu caser dans la logorrhée de Trump avaient été mûrement réfléchies, c'est indéniable. Merz a parlé de coopération, de points communs, sans oublier de souligner la gratitude des Allemands. Il faut croire que cela a plu à Trump, qui a donné à Merz du 'very good man'. C'est quand la conversation a viré sur la guerre d'agression russe contre l'Ukraine que Friedrich Merz a marqué ses meilleurs points. Il a su habilement user de la flatterie pour qualifier Trump de l'homme qui a le pouvoir de mettre fin à la guerre. ... Cette première rencontre n'avait pas vraiment de programme, elle n'était qu'un rendez-vous pour les caméras. ... Difficile de mieux s'en tirer que ne l'a fait Friedrich Merz lors de cette première visite.»

Frankfurter Rundschau (DE) /

Un spectacle révulsant

Frankfurter Rundschau a trouvé cette visite tout simplement déprimante :

«A tous les égards. Une fois de plus, le président a donné de lui l'image d'un homme excessivement égocentrique qui n'accepte que sa vision tordue des choses. Dans cette mise en scène loufoque, Merz a eu l'intelligence d'obtempérer, car tout autre attitude n'aurait fait qu'aggraver les choses. ... Un spectacle navrant pour quiconque tient en haute estime une politique axée sur la démocratie et les valeurs. Car Merz s'est tenu coi, même face aux interprétations politiques les plus farfelues, notamment quand Trump a parlé des belligérants russe et ukrainien. ... Il a comparé le pays agressé et son agresseur à deux enfants qui se battent dans un parc et qu'il faut laisser se bagarrer un certain temps avant de les séparer. »

Deutsche Welle (RO) /

Mea culpa et diplomatie

Le service roumain de Deutsche Welle fait l'analyse suivante :

«Les deux hommes se sont engagés à forger un 'bon accord commercial' et Trump a laissé entendre que l'énergie pourrait entrer dans l'équation. Trump a souligné son mérite personnel dans l''arrêt' du gazoduc Nord Stream 2, rappelant ce qu'il avait alors dit à l'ancienne chancelière Angela Merkel : 'Nous dépensons une fortune pour vous défendre contre la Russie, et pendant ce temps vous donnez chaque mois à la Russie des milliards de dollars. Qu'est-ce que c'est que ces calculs ?' Merz a reconnu une erreur de la part de l'Allemagne. ... Trump a évité les piques, Merz a misé sur la diplomatie. ... Cette conversation montre que les relations germano-américaines restent solides, du moins au niveau des déclarations officielles.»