Justice roumaine : le Premier ministre veut procéder à des coupes

En raison d'un déficit public élevé, le Premier ministre roumain, Ilie Bolojan, a annoncé de nouvelles mesures d'austérité. Une réforme judiciaire prévoit de faire passer l'âge de départ à la retraite des juges et des procureurs de 50 à 65 ans, et de plafonner leur pension à 70 pour cent maximum du salaire net. Les éditorialistes évoquent les vives résistances que suscite déjà cette initiative.

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Deutsche Welle (RO) /

D'âpres négociations en perspective

Le service roumain de Deutsche Welle se demande pourquoi la politique d'austérité du gouvernement vise en priorité la justice :

«Peut-être est-ce lié à la cupidité des magistrats, car les juges et les procureurs du pays se sont eux-mêmes accordé, pendant des années, des hausses de salaires et de retraites – ce qui bafoue la répartition des pouvoirs, car il appartient normalement à l'exécutif de formuler les grilles salariales du service public, et au Parlement de les avaliser. ... D'âpres négociations devraient désormais débuter en coulisses, dans le but d'édulcorer la proposition de Bolojan. Et si le projet devait arriver sous sa forme actuelle devant la Cour constitutionnelle, où la plupart des juges constitutionnel perçoivent une rente exceptionnelle en plus de leur salaire de base, il n'est pas impossible que ceux-ci donnent raison aux magistrats du pays [opposés à la réforme].»

Adevărul (RO) /

Un premier test important pour Bolojan

Adevărul constate de fortes réserves contre ce projet, notamment dans les rangs du partenaire de coalition de Bolojan, le PSD social-démocrate :

«L'annonce du projet a donné lieu à une levée de boucliers immédiate, avec des déclarations du Conseil de la magistrature, du ministre de la Justice et des juges, qui s'inquiètent pour leurs privilèges en matière de salaires et de retraites. ... Le ministre de la Justice, Radu Marinescu, affilié au PSD, a même contredit son supérieur hiérarchique – le Premier ministre Ilie Bolojan –, affirmant que cette proposition n'émanait pas de son ministère et qu'il la désapprouvait. ... Sans l'approbation du ministère de la Justice, le projet du gouvernement ne peut être présenté devant le Parlement. C'est la première fois qu'un ministre désavoue ainsi l'autorité du Premier ministre. ... Il s'agit d'un test difficile et important, que Bolojan devra tacher de surmonter.»