Ukraine : que vient proposer l'émissaire américain à Moscou ?
Avant même l'expiration de l'ultimatum fixé par les Etats-Unis à la Russie visant la cessation de la guerre en Ukraine, le président américain, Donald Trump, a annoncé l'arrivée imminente – mercredi ou jeudi – de son émissaire spécial, Steve Witkoff, à Moscou. Les observateurs européens s'interrogent sur l'identité de ses interlocuteurs, sur la nature des discussions que pourrait engager Witkoff, ainsi que sur leur impact.
Une tentative de dialogue aux contours incertains
Sur LRT, le politologue Linas Kojala souligne les zones d'ombre entourant la visite de Witkoff à Moscou et les incertitudes qu'elle fait peser sur l'Europe :
«Les Américains tentent toujours d'engager le dialogue avec Poutine. Pour les Européens, cela constitue un défi majeur en ce sens qu'on ignore à la fois le message que porte Witkoff et le mandat dont il dispose réellement. On peut s'attendre à de nouvelles sanctions étant donné que l'ultimatum posé par Donald Trump expire cette semaine, ce qui devrait déclencher de nouvelles mesures de rétorsion. Mais parallèlement, on ne sait pas quels gestes du Kremlin Washington pourrait considérer comme des signes de bonne volonté – ni si ces gestes seraient compatibles avec les attentes de Kyiv.»
Un coup de théâtre n'est pas à exclure
Radio Kommersant FM nourrit l'espoir de concessions en faveur de la Russie tout en considérant l'Europe comme un facteur d'incertitude :
«On suppose que l'émissaire spécial américain est porteur de propositions particulièrement intéressantes, difficiles à refuser. Un coup de théâtre n'est certes pas à exclure, bien qu'il reste peu probable. A quoi pourrait ressembler une telle offre ? Elle pourrait inclure une levée partielle des sanctions contre la Russie, ou encore une reconnaissance unilatérale par les Etats-Unis de la Crimée [en tant que territoire russe]. Mais l'Europe s'oppose à tout cela – et sa position devra compter dans la balance.»
Il y a encore une marge de manoeuvre
Il est peu probable que Witkoff se rende à Moscou dans l’unique but d’engager un bras de fer avec la Russie, estime le quotidien pro-Kremlin Izvestia :
«La possibilité d'accord sectoriels de désescalade ne peut être totalement exclue - par exemple la perspective d'un 'cessez-le-feu aérien' souvent discutée par les experts ou la prolongation des 'pauses humanitaires' proposées par la Russie à Istanbul. Un argument indirect en faveur d'un scénario plus optimiste pourrait être l'information selon laquelle, dans le cadre du séjour de Steve Witkoff, une rencontre avec Vladimir Poutine serait envisageable. S'il était seulement question de confirmer la réception de la 'marque noire' américaine [signe annonciateur d'une condamnation à mort dans le monde des pirates] des mains de l'émissaire de Donald Trump, alors Poutine n'envisagerait pas de recevoir Witkoff.»
Une lueur d'espoir
Le compte à rebours est lancé, espère La Stampa :
«L'ultimatum de Donald Trump au Kremlin, qui, après les récents bombardements russes sur les villes ukrainiennes a été raccourci de 50 à 10 jours, expire vendredi, et Andriy Yermak, le chef de cabinet de Volodymyr Zelensky, écrit dans le Washington Post, que cette semaine, 'le monde pourrait avoir l'occasion de mettre fin à la guerre'. L'émissaire de la Maison-Blanche, Steve Witkoff, est attendu à Moscou, dont il se tient à l'écart depuis des mois, l'optimisme de Trump s'étant évaporé lors de l'échec des négociations russo-ukrainiennes à Istanbul.»